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La ville irakienne
de Najaf prendra le relais de Tlemcen pour organiser cette année les activités
de «la capitale de la culture islamique». L'ancienne capitale des Zianides, qui
a abrité l'événement du 15 avril 2011 au 25 avril 2012, s'est dotée de onze
infrastructures culturelles nouvelles. Du jamais vu en Algérie depuis cinquante
ans !
Il s'agit notamment du Palais de la culture Abdelkrim Dali, implanté à Imama à la périphérie de Tlemcen et dont le coût de construction a avoisiné le 1 milliard de dinars, du Centre des études andalouses, de la bibliothèque Mohammed Dib, de la salle Djamel Eddine Chanderli (ex-Colisée), du pavillon des expositions, du théâtre de plein air Larbi Bensari et de quatre musées dont celui de l'Art et d'Histoire de Tlemcen et celui du patrimoine islamique. Le musée d'Art et d'Histoire, situé en plein centre-ville, occupe désormais l'ancien siège de la mairie de Tlemcen, abandonné pendant plus de dix ans. «Pour nous, cet événement n'était pas un objectif en lui-même mais un moyen pour doter la ville de nouvelles infrastructures et de restaurer le patrimoine culturel et architectural. Si nous avions davantage de moyens, nous aurions inscrit d'autres projets», a expliqué Khalida Toumi, ministre de la Culture, lors de la cérémonie de clôture de la manifestation, «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Elle a indiqué que 23 bureaux d'études et 50 entreprises algériennes, 90% sont de la wilaya de Tlemcen, ont été chargés pour mener les opérations de construction et de restauration du patrimoine culturel. Le ministère de la Culture a pris en charge de jeunes architectes, comme ceux du cabinet Fardhab, partis se former pendant une semaine en Espagne pour la conception du Centre des études andalouses qui relèvera du Centre Nationale de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques (CNRPAH) d'Alger. «Nous leur avons pas donné le temps suffisant pour réaliser les projets. Ils ont travaillé jour et nuit pour y parvenir en respectant les normes internationales dans leurs travaux. La leçon est qu'on doit faire confiance à nos jeunes compétences», a témoigné Mme Toumi. LE PALAIS D'EL MECHOUAR RESTITUE Slimane Hachi, directeur du CNRPAH, a indiqué que le nouveau centre de Tlemcen rejoindra les autres antennes. «Chaque antenne du CNRPAH a son domaine de spécialisation, selon les spécificités de la région. A Tlemcen, les relations avec l'Andalousie étaient riches et fécondes. Le nouveau centre se concentrera sur l'histoire de ces relations, sur la musique arabo-andalouse, sur la poésie, sur la littérature, sur l'architecture, sur les jardins et sur toutes les autres formes d'art. C'est un centre de sciences humaines», a-t-il précisé. Parallèlement, 90 opérations de restauration du patrimoine culturel et architectural ont été menées. La plus illustre est celle de la restitution à l'identique du Palais royal Zianide d'El Mechouar et le confortement du minaret de la cité mérénide d'El Mansourah. Des opérations qui ont suscité quelques critiques des archéologues et d'architectes restaurateurs. «La restitution du Palais royal a été faite sur la base des fouilles archéologiques et des recherches sur les archives historiques d'El Mechouar», a indiqué un architecte. Les opérations de réhabilitation ont concerné également les anciennes mosquées comme celle de Sidi Belhacen, des hammams, des mausolées à l'image de celui de Sidi Boumediène, des medersas comme la célèbre école Khaldounia (devenu le musée du manuscrit arabe), des ferranes (anciens fours) et des derbs. Le ministère de la Culture envisage d'inscrire l'ancienne ville de Tlemcen au patrimoine mondial de l'Unesco. Des procédures sont engagées en ce sens depuis plus de deux ans. PARCOURS CULTURELS RECREES «Nous avons recréé des parcours culturels à travers ces restaurations pas uniquement dans la ville de Tlemcen mais d'autres villes telles que Beni Snouss, Nedroma, Sebdou et Ghazaouet», a indiqué Hakim Miloud, directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen. D'une capacité de 500 places, la salle Djamel Eddine Chanderli (ex-Colisée) sera, selon Abdelhamid Belblidia, coordinateur de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique», ajoutée au répertoire national de la Cinémathèque algérienne. Au milieu des années 1990, cette salle a été la cible d'un attentat terroriste. «Le Palais de la culture vient d'être doté d'un statut. Il va avoir son propre organigramme, ses postes budgétaires et ses crédits. Après, un programme d'activités sera mis en application. Les nouveaux musées seront également dotés de leurs propres textes et crédits. Idem pour pavillon d'exposition d'El Koudia», a-t-il indiqué. Selon Hakim Miloud, une soixantaine de postes budgétaires seront créés pour les besoins du Palais de la culture Abdelkrim Dali. «Nous avons déjà créé une quarantaine de postes pour la bibliothèque, une vingtaine au niveau du pavillon des expositions. Nous envisageons de recruter une quarantaine de salariés pour les quatre musées», a-t-il noté. Le nouveau théâtre de plein air, dont la réalisation a coûté plus de 300 millions de dinars, sera une annexe de la Maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen. Ce théâtre a une capacité de 2000 places et une scène extensible de 1 500 mètres carrés. «Les décrets exécutifs adoptés garantissent à ces nouvelles infrastructures des dotations budgétaires et des capacités humaines qualifiées. Aucune infrastructure ne sera un bâtiment vide», a rassuré Khalida Toumi. DE NOUVEAUX HOTELS? EN ATTENDANT L'OUVERTURE DE LA FRONTIERE Pour Abdelhamid Belblidia, la manifestation a réalisé tous ses objectifs. «Nous avons réconcilié le citoyen algérien, le tlemcenien notamment, avec notre propre culture. Cela est important dans la reconquête de notre identité. Tout ce qui a été prévu a été réalisé. Cet événement a permis notamment au secteur touristique de se développer. Lorsqu'on est arrivé, il y a plus d'une année, il n'y avait pas un hôtel digne de ce nom. Aujourd'hui, Tlemcen est doté de cinq nouveaux établissements hôteliers, d'autres sont en construction», a expliqué Abdelhamid Belblidia. Renaissance, nouvel hôtel cinq étoiles de la chaîne Mariott, domine à 800 mètres d'altitude l'ancienne capitale des Zianides, à partir du plateau de Lalla Setti, à une vingtaine de km de l'aéroport. La direction de l'hôtel compte surtout sur le tourisme d'affaires et des congrès pour occuper les 204 chambres de luxe et faire fonctionner les salles de conférences et les cinq restaurants. Le nouvel hôtel Ibis a profité de l'événement culturel pour entamer l'exploitation commerciale. L'établissement de la chaîne française Accor affichait complet pendant plusieurs semaines. Un idéal pour un début. Ibis et Renaissance tablent aussi sur l'ouverture des frontières terrestres avec le Maroc pour améliorer le chiffre d'affaires avec le mouvement touristique et économique. Il en est de même pour le nouvel hôtel privé Stambouli ou pour l'hôtel étatique Zianide récemment rénové. Chaïb Draa Thani Abdelkrim, la cinquantaine, n'a pratiquement raté aucune activité lors des festivités de «Tlemcen, capitale de la culture islamique». «Nous pouvons dire qu'enfin notre ville est devenue ce qu'elle devait être depuis longtemps. Il faut que toutes ces nouvelles infrastructures culturelles soient occupées et qu'elles fonctionnent à longueur d'année. Il ne sert à rien de faire des actions artistiques occasionnelles et fermer les portes après», a-t-il dit. Hakim Miloud s'est, lui, félicité de «la dynamique» que connaît la région après des années de vide. «Tlemcen a désormais un autre visage. La manifestation qui vient de s'achever a changé les habitudes des gens d'ici. Je peux dire que c'est un tournant pour la région et pour tout le pays. Il y a de l'espoir pour voir autrement les choses. On peut adopter une stratégie différentes en matière d'activité culturelle», a-t-il conclu. |
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