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Il n'est pas dans
les traditions du FMI de s'intéresser aux intérêts des générations futures? Il
vient de le faire dans un rapport sur la région Mena où les perspectives sont
moroses même pour les pays exportateurs de pétrole. Entre mise en garde contre
l'explosion des dépenses publiques et faiblesse de la croissance, ce souci de
«l'équité» à l'égard des générations futures concerne directement l'Algérie.
Selon le FMI, les perspectives économiques du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) sont «difficiles» à court terme. Les prévisions pour les pays importateurs de pétrole tablent sur une croissance proche de 2% «qui ne devrait pas se redresser en raison de la montée de l'incertitude sur le plan intérieur et de la conjoncture défavorable à l'extérieur». Les prévisions pour les pays exportateurs de pétrole sont plus mitigées. La croissance devrait y être proche en moyenne de 4% «du fait de la stagnation de la production de pétrole et de gaz». Dans le cas des pays exportateurs de pétrole, une recrudescence de la crise en Europe pourrait en outre «faire baisser les prix pétroliers et compromettre l'accroissement récent des dépenses publiques consacrées à l'aide sociale». Les enseignements pour l'Algérie ne sont pas absents. Au chapitre de la croissance économique, l'Algérie figure parmi les pays en développement dans la région où cette dernière est la moins forte. L'Algérie confirme, de manière inquiétante, son statut de pays à faible croissance avec une performance très modeste de 2,5% enregistrée en 2011 et des prévisions révisées en baisse à 3,1% en 2012 et 3,4% en 2013. Et il s'agit de prévisions qui se fondent sur le scénario le plus optimiste du FMI et ne tiennent pas compte des risques de dégradation de la situation en Europe. Il faut souligner que depuis 2006, la croissance du PIB algérien se situe entre 2 et 3% et contredit ainsi régulièrement les prévisions des autorités algériennes en dépit d'une forte injection de dépenses publiques. LES FINANCES PUBLIQUES SUR LA SELLETTE Si la faiblesse de la croissance enregistrée dans la région et en particulier en Algérie est un leitmotiv des dernières années, les inquiétudes exprimées au sujet des finances publiques sont en revanche une nouveauté. Le document du FMI relève que «l'intensification des revendications sociales et la montée des cours du pétrole ont entraîné de fortes augmentations des dépenses publiques. En dehors du CCG, les dépenses publiques se sont accrues d'un tiers en dollars, d'où un déficit budgétaire moyen de 1% du PIB, malgré un niveau moyen des cours du pétrole supérieur à 100 dollars le baril en 2011.». Le FMI pose, en des termes qui semblent taillés sur mesure pour l'Algérie, la problématique de l'évolution récente des finances publiques dans les pays exportateurs de pétrole de la région MENA. Fait rare voire sans précédent, un document officiel de cette institution évoque un problème «d'équité à l'égard des générations futures». Il souligne à cet effet que même «avec les niveaux élevés des prix du pétrole, la viabilité des finances publiques est une préoccupation immédiate pour les pays déjà déficitaires, et dont beaucoup devraient l'être davantage en 2012». A moyen terme, et «pour assurer l'équité entre générations», le FMI recommande de «maîtriser davantage les dépenses publiques et d'en accroître la qualité».Une invitation qui s'adresse en particulier aux pays qui, note le FMI, «en augmentant leur production d'hydrocarbures, ont accéléré les flux de recettes pétrolières présentes au détriment des recettes futures». Un phénomène qui est allé de pair avec «des augmentations des traitements de la fonction publique et d'autres dépenses courantes, dont le rythme a dépassé l'augmentation des dépenses en capital». Le rapport note au sujet du gonflement des dépenses courantes des Etats de la région que «loin de créer d'autres flux de recettes dans l'intérêt des générations futures, la montée des traitements de la fonction publique peut exercer un effet d'éviction sur l'emploi dans le secteur privé». Les risques à court terme ne sont pas absents non plus et sont liés selon le FMI à la situation du marché pétrolier. «Il est difficile d'inverser la progression des dépenses courantes, d'où une plus grande vulnérabilité des comptes budgétaires face à un repli des cours du pétrole. Un ralentissement de l'économie mondiale provoqué par la situation de la zone euro entraînerait une diminution modérée des volumes d'exportation des pays producteurs de pétrole de la région. Il aurait cependant pour effet de faire baisser les cours du pétrole, ce qui rendrait particulièrement vulnérables les pays présentant des déficits budgétaires.» DES REFORMES «URGENTES» Les recommandations en matière de réformes économiques sont plus classiques. Les pays de la région doivent «avancer de manière concrète dans la transformation et la modernisation de leur économie. Plus de création d'emplois est vital. Les taux de chômage de la région sont parmi les plus élevés au monde et la croissance démographique se poursuivra durant la décennie à venir. Un démarche au coup par coup ne suffira pas à relever le défi d'une croissance forte et partagée». Il faut améliorer le climat des affaires en «réduisant les tracasseries administratives et en rationnalisant les règles et les procédures» ; mettre en place des dispositifs de protection sociale ciblés au lieu des régimes de subventions généralisées ; s'attaquer aux problèmes des systèmes d'éducation et des marchés du travail et «renforcer les formations afin de préparer les diplômés à des carrières solides dans le secteur privé». |
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