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Intersyndicale de la santé : Grèves et plainte au BIT

par Salah-Eddine K.

Les syndicats autonomes de la santé interpellent le président de la République et préparent une plainte au Bureau international du travail (BIT)

Agissant sous la coupe de la nouvelle intersyndicale (constituée il y a à peine un mois), les syndicats des professionnels de la santé publique SNPSSP (spécialistes), SNPSP (praticiens de la santé publique) et également le SNAPSY (psychologues) et le SNPEPM (professeurs d'enseignement paramédical) ont décidé de faire de la date du 14 mai une journée de protestation nationale. «Il s'agira d'une protestation liée à des revendications socioprofessionnelles autant qu'elle l'est pour sauver la santé publique à la dérive», a indiqué Lyes Merabet dans son intervention hier au siège du syndicat des spécialistes de la santé publique à Alger. Le syndicat des praticiens de la santé publique (SNPSP) qui se joint à la protestation des spécialistes de la santé commencée le 22 avril dernier, devra débrayer, lui, les 7, 8 et 9 mai.

Cette fois-ci, les revendications socioprofessionnelles sont reléguées au second plan pour laisser place lors de ce débat aux «priorités auxquelles le ministre de la Santé devra remédier en urgence». Les syndicats tirent la sonnette d'alarme sur les menaces qui pèsent sur le secteur de la santé publique «en raison des défaillances du ministère de la Santé», a indiqué le président du SNPSP. Ce dernier s'est longuement étalé sur le manque récurrent de médicaments, de vaccins notamment pour enfant, sérum, réactifs, poches de sang, avant de souligner «la lenteur dans les rendez-vous (1 année pour une radiothérapie par exemple), qui mettent à mal la concrétisation des programmes nationaux de la santé sans parler des conséquences gravissimes sur la santé du citoyen».

 Et c'est au président du SNPSSP d'enchaîner sur ce qu'il appelle les lignes rouges qu'a «franchies» le ministre de la Santé, en ce qui concerne, entre autres, «les libertés syndicales carrément menacées par un ministre qui ne reconnaît pas la liberté, pas plus que le pluralisme syndical». Le ministre, poursuit-il, «fait tout pour que les syndicats autonomes ne soient pas ses partenaires». Ces derniers temps le ministre de la Santé a carrément exclu les syndicats au profit des administrateurs de la santé, a-t-il indiqué.

«On soupçonne une volonté de casser le secteur de la santé publique sinon comment expliquer, affirme Merabet, ces manques cycliques de médicaments ? Et au moment même où ce qui est appelé activité complémentaire médicale devient un détournement de la santé basée sur la gratuité des soins au profit d'un autre système où le malade est contraint de payer de sa poche une facture salée de soins», lance le syndicaliste. Et d'expliquer que c'est la raison pour laquelle une lettre ouverte sera adressée au président de la République garant de l'application des lois notamment celle relative aux libertés syndicales. Un rapport et un dossier complet seront également envoyés au Bureau international du travail (BIT), a aussi annoncé l'intersyndicale lors de ce point de presse. Le recours à cette institution, fait remarquer Lyes Merabet, est motivé par le fait que «nous ne pouvons plus régler nos problèmes dans un cadre qui nous est permis», affirme encore Merabet.

Le syndicat des psychologue qui a les même revendications que les praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique, à savoir l'amendement du statut particulier et un réexamen du régime indemnitaire, a lui aussi critiqué la gestion du secteur de la santé et le rétrécissement de l'action syndicale, évoquant la «batterie des mesures» qu'a prise le ministre de la Santé dont l'objectif est «d'isoler» les syndicats autonomes de la santé publique. Dans le même sens, le syndicat des enseignants des paramédicaux (SNPEPM) qui a rejoint les trois autres syndicats au sein de cette intersyndicale «est l'exemple du syndicat qui existe légalement depuis quelques années déjà mais peine à activer et subit toutes sortes de pressions pour rester sous le giron de l'administration», a indique son représentant M. Mechri.