C'est aujourd'hui que les Français connaitront l'identité de leur
prochain président de la République. Si les derniers sondages donnent encore et
toujours Hollande en tête de la course, l'optimisme s'impose comme une ultime
cartouche chez le président-candidat. Si d'aucuns présumaient le débat
présidentiel entre les deux candidats comme décisif ou du moins pouvant
renverser la balance compromise de Sarkozy, il n'en fut rien et les deux clans
d'attendre le verdict des urnes. Les derniers jours d'une campagne où se sont
invités, contre leur gré, Dominique Strauss Kahn ou encore le financement
libyen de la campagne électorale de Sarkozy en 2007, ont apporté leur lot
d'encanaillement avec également les piques portées contre le candidat UMP pour
sa cour «éhontée» à l'électorat lepéniste et les critiques de la droite contre
le programme socialiste qualifié d'«irresponsable». Même si l'écart entre les
deux finalistes s'est resserré au fil de la campagne, le ralliement du
centriste François Bayrou au candidat du PS, les voix de Mélanchon, les
seulement 4% des bulletins gagnés par Sarkozy dans les reports de voix des
électeurs de Marine Le Pen, par rapport à 2007, font que les pronostics donnent
François Hollande comme le prochain locataire de l'Elysée. Se voyant déjà
battu, le candidat de la droite a donné à son discours électoral davantage de
relents populistes, démagogiques et franchement tourné vers la terminologie
partisane du Front national, en reprenant à son compte la stigmatisation de l'immigration
et de l'islam. Cette stratégie n'a pourtant pas eu l'effet recherché puisqu'en
fin de campagne, les intentions de vote pour le président sortant n'ont pas
connu de hausses notables. A moins d'un revirement de dernière minute ou d'une
grosse surprise, Hollande serait le nouveau président de la France puisque les
sondages l'accréditent de plus de 50%. Mais ce sont les reports des voix qui
peuvent faire la différence, aujourd'hui, et créer cette fameuse surprise si
d'aventure les indécis de chez Bayrou et Marine Le Pen décidaient de voter
Sarkozy. Ainsi, l'enjeu principal de ce 6 mai réside dans le choix des
électeurs qui ont voté pour d'autres candidats et plus particulièrement dans la
raison qui les ont poussés à voter pour tel parti politique. Avec un peu plus
de 18% des voix lors du premier tour, les électeurs de Marine Le Pen, même si
les sondages les donnent favorables à Nicolas Sarkozy, peuvent faire la
différence avec l'autre pourcentage restant partagé entre bulletin blanc et
Hollande. Si pour ce dernier, les voix de Mélenchon ne posent pas de problème,
le candidat du Front de Gauche a d'ores et déjà appelé à voter contre Nicolas
Sarkozy, l'électorat de Bayrou, reste, par contre une énigme. Si le chef de
file des centristes a préféré le candidat de la gauche, il n'a pas pour autant
donné de consignes claires pour aujourd'hui. Alors vers qui 9,11% de ses voix
se tourneront-ils ? Là aussi, le doute est permis puisque, si les sondages
annoncent que les intentions de vote semblent, à ce jour, partagés à peu près
équitablement entre François Hollande, Nicolas Sarkozy, et l'abstention, il
n'est pas exclu de s'attendre à un déséquilibre entre les trois options au
décompte final des bulletins de vote. Mais pour beaucoup d'analystes, les jeux
sont faits et peu seront les électeurs qui suivront les consignes de leurs
leaders d'autant plus si elles n'existent pas.