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Les Français vont trancher, demain dimanche, entre les deux candidats en
lice pour l'élection présidentielle, le président sortant Nicolas Sarkozy et le
candidat socialiste François Hollande. Les deux hommes ont livré, hier, leurs
ultimes meetings.
Le débat présidentiel du mercredi soir sur lequel Nicolas Sarkozy escomptait pour renverser la vapeur des sondages constamment en faveur de son adversaire a été gagné, aux points, par François Hollande. Sur le net, la formule «Sarkozy s'est cassé les dents sur un flamby», nom d'un flan donné comme surnom à François Hollande, a fait rapidement fortune. La lepénisation du discours de Nicolas Sarkozy qui s'est accentuée au cours de la campagne pour le second tour ne semble pas avoir bousculé la donne. Elle a surtout poussé le centriste François Bayrou à sauter le pas dans le sens d'une véritable rupture en annonçant, sans donner de consignes de vote, qu'il allait personnellement voter pour François Hollande. En réalité, c'est un vote contre Sarkozy et il l'explique dans un argumentaire qui éreinte littéralement le président sortant. «Je ne veux pas voter blanc. Cela serait de l'indécision. Dans ces circonstances, l'indécision est impossible. Reste le vote pour François Hollande. C'est le choix que je fais ». BAYROU, AU NOM DES VALEURS, CONTRE SARKO C'est au nom des «valeurs» que Bayrou a fait son choix contre un Sarkozy qui «s'est livré à une course-poursuite à l'extrême droite dans laquelle nous ne retrouvons pas nos valeurs». Il a évoqué également «l'obsession de l'immigration», des «frontières». Ce choix anti-Sarkozy est d'autant plus affirmé que Bayrou considère que le programme du PS «inadapté à la situation du pays et encore plus à la crise qui vient?». Ce soutien, par défaut de Bayrou, renforce la perspective d'une victoire de François Hollande toujours confirmée dans les sondages. L'écart s'est un peu resserré mais François Hollande reste en tête avec 52,5% et 53,5% des voix. François Hollande s'est attelé à convaincre l'électorat centriste en soulignant qu'il représentait «plus que la gauche? Je représente tous les républicains, les humanistes, ceux qui sont attachés à des valeurs et des principes». Sarkozy et son clan qui dénoncent une «trahison» de Bayrou espèrent surtout un bon report des voix de l'extrême droite cible principale de sa campagne. Selon le président sortant, les «choses vont se jouer sur le fil du rasoir», a-t-il insisté. Même si les surprises ne sont jamais écartées dans une élection démocratique, les analystes estiment que le président sortant, dont le style et la politique suscitent des réactions hostiles même à droite, aura quelques difficultés à redresser la barre. TURPITUDES LIBYENNES Les derniers jours de sa campagne électorale auront été empestés par ses turpitudes libyennes présumées avec les révélations sur un financement de 50 millions d'euros de la campagne de Sarkozy en 2007. Moussa Koussa, l'ancien chef des services libyens, auteur présumé de la lettre publiée par Mediapart, dans un pays très ami avec Sarkozy et Bachir Saleh, ex-président du Libyan African Portfolio (LAP) destinataire de la lettre, ont apporté un démenti. Mais leurs témoignages sont sujets à caution. Moussa Koussa est réfugié au Qatar, pays très ami de Sarkozy? tandis que Bachir, il réside en France malgré l'existence d'un mandat international contre lui délivré via Interpol. Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, s'est également empressé de mettre en doute l'authenticité de la lettre en question. L'ANCIEN CHEF DU GOUVERNEMENT LIBYEN: «IL Y A BIEN EU UN FINANCEMENT» Mais cette série de démentis qui sauvaient «le soldat Sarko» a été taclée par le secrétaire général du Comité populaire général (donc l'ex-chef du gouvernement), Baghdadi Ali al-Mahmoudi. «Je confirme qu'il existe bien un document signé par Moussa Koussa et qu'un financement a bien été reçu par M. Sarkozy », a-t-il déclaré. C'est d'ailleurs ses propres instructions qui sont citées dans la note de Moussa Koussa, ce qui donne un peu de crédit à un fait déjà évoqué par le fils de Kadhafi, Seïf Al Islam. Parlant par le biais de son avocat, l'ancien Premier ministre libyen, Baghdadi Ali al-Mahmoudi, a déclaré : «Nous avons participé à la réussite de M. Sarkozy et au financement de sa campagne présidentielle de 2007. Ce financement par M. Kadhafi et la Libye est attesté par un document officiel signé par Moussa Koussa à travers la valise de financement africain», a confirmé M. Baghdadi. «Le montant de 50 millions d'euros est juste», a déclaré M. Baghdadi à son avocat, Me Béchir Essid qui a précisé à Mediapart : «Il m'a parlé du financement, du document et du montant et le financement a bien été fait de Kadhafi vers Sarkozy.». Les Français ne vont pas faire leur choix sur la base de ces révélations. Mais celles-ci pourraient conforter les hésitants à faire comme Bayrou et à préférer le candidat de la gauche au nom d'une certaine rectitude morale. Et d'un style de gouvernance moins «bling-bling». On le saura demain soir. |
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