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Plus
qu'inquiétante, la situation au Mali fait peur à tous les Etats de la zone
sahélo-saharienne et à d'autres au-delà. Il y a de quoi en effet, car comme l'a
soutenu justement le président mauritanien «tous les ingrédients sont là pour
faire du Mali un Afghanistan». Ce scénario redouté par tous est en train de se
produire avec la prise de contrôle du Nord-Mali par les groupes islamistes
ayant pris le dessus sur la rébellion touareg conduite par le MNLA et sont en
train d'y installer un embryon d'émirat islamique. Pendant ce temps, la crise
institutionnelle qui sévit à Bamako rend problématique toute intervention
malienne ou internationale pour ramener le Nord dans le giron de la République
du Mali.
Les militaires maliens sont dans l'incapacité d'entreprendre la reconquête de cette région vu l'état déliquescent dans lequel est leur institution, mais aussi parce que accaparés à conserver le pouvoir qu'ils ont confisqué aux civils. Les Etats de la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) que le chaos malien inquiète à juste titre ont certes convenu d'intervenir militairement au Mali. Sauf que pour le faire ils doivent d'abord solutionner la problématique du pouvoir central dans ce pays. Mais même s'ils y parviennent, il n'est pas certain que la force militaire qu'ils sont susceptibles d'engager contre la rébellion touareg et les groupes islamistes qui se disputent le Nord-Mali parvienne à reprendre le contrôle de cette région. Le temps travaille en faveur des groupes islamistes qui sont en train de renforcer leur potentiel militaire avec l'armement qu'ils se procurent en Libye voisine et en troupes avec l'embrigadement d'habitants du Nord-Mali. Comme les pays de la CEDEAO, l'Algérie est concernée par ce qui se passe au Mali. Le sachant, des Etats de cette organisation et des puissances extra-africaines font pression sur elle pour qu'elle s'engage militairement au Nord-Mali en faisant valoir qu'elle est le seul Etat de la région à disposer du potentiel militaire apte à mettre en échec le dessein des groupes armés au Nord-Mali. Officiellement, les autorités algériennes ne cachent pas qu'elles sont inquiètes des développements de la situation au Nord-Mali mais s'en tiennent au principe cardinal de la «non-intervention de l'armée algérienne en dehors des frontières du pays». Un principe que les Etats qui font pression sur elle lui demandent de mettre entre parenthèses en faisant valoir que les groupes islamistes s'attaquent aussi à l'Algérie ainsi que l'a démontré la prise en otage de ses diplomates à Gao. Même la France qui a pour autant manœuvré pour que l'Algérie n'exerce pas de leadership dans la région du Sahel convient maintenant, comme son président Nicolas Sarkozy l'a déclaré, que «l'Algérie est la puissance régionale qui a les clefs de l'ensemble des données du problème (sahélien)». En tout état de cause, l'Algérie ne peut rester les mains croisées devant la tournure prise par les événements au Nord-Mali. Mais elle doit être attentive à ne pas être utilisée à des fins qui contreviennent à ses intérêts géopolitiques dans la région du Sahel. Toute initiative de sa part doit par conséquent s'accompagner de la part de ses autorités de conditions faisant prévaloir ces intérêts. Il ne s'agit pas pour elle de «travailler pour le roi de Prusse» quand la menace qui plane sur sa sécurité et son intégrité lui impose d'avoir son mot à dire sur ce qui est à faire dans la région pour y mettre un terme. |
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