Avec sa zaouïa, la
daïra de Sidi Djilalli est devenue une capitale spirituelle de la wilaya de
Tlemcen. S'étendant sur une superficie de 3 ha, et dotée d'une vingtaine de
classes, d'un internat, d'une salle de conférences, un espace informatique?
etc., la zaouïa de Si Yahia Bensfia, accueille des «tolba» de partout, venus
approfondir leurs horizons intellectuels en matière de fikh, ce qu'il faut
savoir sur le coran, l'aspect physique du coran, le message du texte coranique,
la charia, la littérature? Cette institution est à la fois un espace qui sert
de lieu de prières, d'école, de centre littéraire. Un chef avec le titre de
cheikh dirige l'établissement, qui compte, jusqu'à présent, de nombreux
étudiants (Guendouz) de différentes régions du pays, venus pour étudier les
préceptes de l'islam car c'est à travers le soufisme que s'établit le dialogue
entre les cultures et les civilisations. La zaouïa de Si Yahi Bensfia, dont les
travaux sont presque achevés, ressemble à une petite université dans une
contrée frontalière. Dans ce lieu, qui a fait l'objet de plusieurs visites de
travail de la part des autorités, l'accent a été mis sur la nécessité
d'encourager les étudiants et de préserver ces lieux, qui jouent un rôle
important, dans la réconciliation entre tribus et citoyens. Pour rappel, comme
l'indiquent les spécialistes, c'est lors de l'affrontement du pouvoir turc à
Alger que le peuple algérien se mobilisa pour faire face à cette nouvelle
situation. La résistance s'organisa aussitôt autour des confréries religieuses.
Ce sont elles qui devinrent l'âme de cette résistance, respectant en cela une
longue tradition. L'origine de ces confréries remonte en effet au VIIIe siècle,
alors que des croyants musulmans, engagés dans le djihad, décidèrent de se
rassembler en un ribate (ou lien), dans un lieu choisi pour y mener une vie
consacrée exclusivement à Dieu. Au XVe siècle, la notion de ribate prit une
grande ampleur au Maghreb, et, sous l'impulsion de chefs spirituels, de
nombreuses confréries virent le jour : Tidjaniya, Rahmaniya, Derqaoua, Qadiriya,
Djazouliya, Senoussiya etc. Furent, également, créées des maisons-mères ou
zaouïas. La zaouïa est une véritable institution. C'est autour d'elle que
s'ordonne un peu la vie de la région : lieu de prière, du Dikr (rituel de
litanies particulières à chaque zaouïa, à chaque ordre religieux). On y
dispense aussi un savoir religieux, et en premier lieu, l'apprentissage du
Coran. Mais c'est là aussi que se règlent les conflits, petits et grands, qui
surgissent au sein de la communauté et que s'organisent les travaux communs
dans les champs etc. Les zaouïas rayonnent à travers tout le pays et, parfois,
hors des frontières, par des institutions relayant la maison mère par les
Mokadems, porteurs de son message à ses disciples. Elles constituent un
véritable filet en serrant dans ses mailles tout le corps social du pays. Les
services fournis par les confréries religieuses sont en principe gratuits bien
qu'elles fonctionnent grâce aux dons des Zakates ou des Sadakates.