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Il est avéré que des états-majors partisans ont octroyé les
premières places des listes électorales de leurs formations à des candidats
fortunés. La rumeur s'est répandue que ces candidats ont payé au prix fort leur
présence en tête de liste. A en croire cette rumeur, certains auraient déboursé
une contrepartie financière faramineuse en proportion avec les chances qu'a le
parti dont ils sont candidats de remporter des sièges dans les circonscriptions
électorales qu'ils représentent.
Le phénomène n'est pas nouveau, sauf qu'il semble s'être amplifié pour le scrutin du 10 mai du fait de l'accroissement du nombre de partis engagés dans la compétition électorale et parce que l'Etat n'a pas accordé de subsides financiers aux partis. Il est un autre phénomène dans les listes électorales dont la rumeur publique fait ses choux gras, c'est la présence accrue parmi les postulants et postulantes à un siège parlementaire de très proches parents des patrons des formations dont ils sont les candidats. Il semblerait même que des chefs de parti ont conclu entre eux des «gentlemen's agreements» consistant à prendre dans leurs listes respectives des parents de leurs concurrents et réciproquement. Que des partis se soient adonnés à de telles pratiques, même si dans la réalité seule une minorité d'entre eux est concernée, cela a alourdi le discrédit qui enveloppe le monde partisan, et donne une raison supplémentaire aux citoyens de ne pas participer au vote du 10 mai. Pour beaucoup de ces citoyens, la tentation les a effleurés de prendre part cette fois au scrutin parce que pressentant qu'il y a des enjeux primordiaux pour l'Algérie qui sont en cause. Mais de voir que pour une bonne partie de la classe politique et partisane du pays la compétition électorale se résume à une opportunité d'amasser de l'argent ou à propulser la proche famille en un lieu du pouvoir où elle va récolter prébendes et avantages, les en a fait renoncer. Il est vrai qu'aucune loi n'interdit aux partis d'avoir des candidats fortunés, ni d'avoir dans leurs listes électorales des proches de leurs responsables. Mais il y a que pour le citoyen lambda ce qu'ont fait certains partis en l'occurrence confirme à ses yeux que la recomposition de la classe politique qui est en train de s'opérer dans le pays se fait non sur les critères de l'engagement, de la compétence et de la probité mais sur ceux de la fortune et des liens familiaux. Il est somme toute légitime que le citoyen lambda ne veuille pas cautionner par son vote l'émergence d'une « représentation nationale » basée sur de tels critères. Les partis qui battent campagne et surtout ceux dont le discours électoral est à résonance moralisante, constatent à quel point les Algériens cultivent de la défiance à leur endroit. Ils ont beau se démener, faire dans la surenchère en promesse de changement et de prise en compte des attentes populaires, la campagne électorale est aussi terne et dénuée d'attrait qu'elle l'a été à son démarrage. Il y manque le principal, le peuple dont l'indifférence apparaît définitive et donc impossible à surmonter. Le sursaut citoyen que le pouvoir à sa façon et les partis avec la leur essayent de provoquer pour le dix mai a peu de chance de se produire. |
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