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Législatives: Pour qui voter ?

par A. Mallem

« Quel impact aura le nombre pléthorique des listes de candidats aux prochaines élections législatives du 10 Mai 2012 sur le choix de l'électeur pour désigner ses représentants à la chambre basse du Parlement ?». Telle est en substance le thème qui a été proposé, hier, au débat au cours de l'émission hebdomadaire «Forum» de la radio régionale de Constantine. Aussi, une question subsidiaire est apparue en filigrane : est-ce que les citoyens vont se rendre en masse aux urnes ?

Les invités, étaient essentiellement des cadres universitaires exerçant au niveau du pôle universitaire de Mentouri : des professeurs de droit, une sociologue et une avocate.

Les débats ont été enclenchés par un flash sur la scène électorale qui a fait apparaître le nombre de formations politiques en lice, dont la majorité sont très récents. «Ces derniers venus ont certes un nom, mais pas de base populaire», a fait remarquer le professeur de droit M. Benchabane. Son collègue, le professeur Bouteras, spécialiste en droit constitutionnel, s'est demandé si les partis ont bien assimilé les dispositions réglementaires concernant leur propre rôle et la campagne électorale. Et de répondre qu'aucun d'eux ne se soucie du respect des textes de loi et ils se rendent coupables de dépassements condamnables : affichage sauvage des listes, non respect du temps d'intervention et des lieux réservés à cet effet, etc. Mêmes les vieux partis qui connaissent parfaitement ces lois ne se privent pas de les violer à l'occasion. Dans ce cas, que font les organes de surveillance et de contrôle mis en place à cet effet ? s'est demandée l'animatrice. Pas de réponse. Mme Beghdadi-Terai, avocate, a observé de son coté que pas un seul parti en lice n'a présenté de programme politique et/ou économique. En outre, il a été reproché aux orateurs qui discourent pendant la campagne de ne pas savoir parler, d'avoir un niveau très bas qui leur permet seulement de soulever les problèmes quotidiens des citoyens en leur faisant des promesses de les régler. «Le parlement exerce un rôle législatif et sa vocation n'est pas de régler le problème de l'eau ou de la patate», a souligné l'un des participants. Mme Benzadri, sociologue a expliqué que les présentes élections diffèrent totalement des précédentes, notamment par la forte présence des femmes sur les listes électorales. Et cet élément nouveau ne permet pas de prévoir si le citoyen va voter ou non. «Le pronostic est difficile», a-t-elle déclaré. Le professeur de droit constitutionnel est revenu pour avancer que le citoyen se trouve devant deux alternatives en matière de choix : le programme ou l'individu ? «Le temps qui reste est suffisant pour les partis et les candidats d'aller à la rencontre du citoyen et lui expliquer leur programme», a-t-il indiqué. Le professeur Benchaabane à mis l'accent sur l'importance du scrutin du 10 mai,» parce que, a-t-il fait remarquer, ces élections diffèrent fondamentalement de toutes celles qui les ont précédées, car ce qu'il y a en jeu, c' est le système de gouvernement : de présidentiel actuellement il risque de basculer vers un système parlementaire parce que la prochaine APN va être chargée d'élaborer une nouvelle constitution», a expliqué le juriste.

Mais dans tout cela, intervient l'animatrice, le citoyen est dans l'expectative : va-t-il voter ou non ? Qui va-t-il choisir ? Que va-t-il faire le 10 mai ? Est-il conscient du poids de sa voix ? «Je pense que le citoyen va voter, et ce pour deux raisons», a répondu Mme Beghdadi. Et d'expliquer que d'une part, le printemps arabe a influencé beaucoup le citoyen algérien qui cherchera à éviter à son pays ce qui se passe aujourd'hui en Syrie, par exemple. «Le citoyen algérien ne veut pas d'immixtion dans ses affaires intérieures, et je suis certaine qu'il va exercer son devoir électoral. Ensuite, il est convaincu que le succès du scrutin ne fera que conforter les réformes engagées par le président de la république sachant que ces réformes politiques vont servir l'intérêt du pays et son intérêt propre», a estimé l'avocate.