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C'est le chaos absolu dans le Mali voisin de l'Algérie.
L'Etat malien s'est totalement désintégré sous les coups conjugués de
l'offensive armée engagée dans le nord du pays par l'alliance hétéroclite
formée par les partisans du mouvement indépendantiste touareg le MNLA et des
groupes islamistes fondamentalistes liés à AQMI, et des putchistes qui ont
renversé à Bamako le pouvoir légal du président Amadou Toumani Touré accusé par
eux d'être responsable de la déroute infligée à l'armée malienne par les
insurgés dans le nord du pays. Il en résulte que le pays est coupé en deux, le
Nord, l'Azawad étant désormais totalement sous contrôle des insurgés, et le Sud
plongé dans la confusion et la peur de voir arriver ceux-ci à Bamako.
Ce qui se passe au Mali a un lien direct avec la situation créée dans la Libye voisine par l'intervention militaire de l'OTAN. Et confirme dramatiquement que l'Algérie a eu raison de refuser sa caution à cette opération et la réalité de ses mises en garde sur ses conséquences néfastes à venir pour les Etats frontaliers avec la Libye. Maillon faible de la chaîne de ces Etats, le Mali s'est le premier effondré sous les effets que la situation libyenne a déchaînés. Pour l'Algérie, ce qui se déroule dans ce pays voisin avec qui elle a plus de mille kilomètres de frontière concerne directement sa sécurité nationale et explique qu'elle veuille avoir son mot à dire sur ce que la communauté internationale veut entreprendre pour sortir le Mali du chaos. Depuis cinquante ans, elle est attentive à ce qui s'y passe car sachant que cela à des répercussions pour elle. D'où ses médiations consécutives entre le pouvoir central de Bamako et les différents mouvements touaregs du nord du pays s'étant à un moment ou à un autre rebellés contre lui. Cette fois, le casse-tête malien est encore plus délicat à aborder pour l'Etat algérien avec l'intrusion dans ce pays des bandes armées de la nébuleuse AQMI et l'intention proclamée du MNLA de constituer un Etat indépendant dans le Nord-Mali et surtout avec le délitement institutionnel dont est frappé l'Etat malien. Pour autant, l'Algérie a clairement fait savoir que tout en rejetant le projet d'Etat touareg dans l'Azawad, elle s'oppose fermement à toute intervention étrangère. Mais au vu de la tournure prise par les événements dans ce pays, elle ne sera pas contre une opération de ce genre ayant pour acteurs les Etats de la région. La crise malienne préfigure ce qui peut advenir dans d'autres Etats de la région tout aussi démunis que le Mali face aux menaces qui planent sur eux depuis l'ouverture de la boîte à Pandore en Libye par l'intervention militaire de l'OTAN. De cette réalité, les puissances occidentales responsables de la situation créée en Libye ne veulent pas en convenir à moins que les soubresauts et les bouleversements qu'elle est susceptible de provoquer dans la région sahélo-saharienne entrent dans leurs calculs et desseins géostratégiques. Pour certaines d'entre elles, les incidences déstabilisatrices qu'elle peut avoir pour la sécurité nationale de l'Algérie peuvent faire partie du calcul. Car il ne faut pas se tromper, l'Algérie est la cible de manœuvres étrangères visant à l'entraîner dans l'instabilité et à créer les conditions de la remise en cause de son intégrité nationale. Il n'y a qu'à voir comment sont apparus des foyers d'incendie à toutes ses frontières. Un encerclement qui peut à tout moment donner prétexte à des menées anti-algériennes franchement déclarées et ouvertes. |
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