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« C'est un désastre !»: depuis la
prise, par des groupes rebelles, de la ville de Gao, dans le nord du Mali, il
n'y a plus de céréales, plus d'argent, plus de moyens de déplacement, des
pilleurs sévissent et «l'électricité va bientôt être coupée», témoigne un
humanitaire sur place. «Les édifices publics, les bureaux privés, les banques,
les sièges d'ONG, les banques alimentaires, tout a été saccagé» par les hommes
qui ont pris le contrôle de Gao le 31 mars, affirme, sous-couvert d'anonymat,
cet employé d'une organisation humanitaire.
«Il n'y a plus de véhicules, d'équipement, de matériel. Il n'y a plus d'hôpital, plus de dispensaire, plus de centre de santé communautaire», poursuit-il. «Ils ont enlevé même les lits, même les portes de l'hôpital». Et «on nous a dit que l'électricité va bientôt être coupée». Selon lui, «il y avait plus de 2.000 tonnes de céréales, d'huile végétale» dans un entrepôt étatique, des provisions censées permettre d'assister les populations, en réponse à la crise alimentaire sévère frappant cette région du Sahel. Mais «tout est parti», y compris des entrepôts des organisations internationales dont le Programme alimentaire mondial (PAM). «C'est un désastre, je n'ai pas d'autre mot». Trois groupes distincts se partagent le contrôle de l'agglomération, selon des sources concordantes. Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) tient le camp militaire en périphérie. Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un groupe dissident d'Aqmi dirigé essentiellement par des Maliens et des Mauritaniens, contrôle le camp, en centre-ville, et deux quartiers voisins avec Ansar Dine. Et il y a enfin les trafiquants et autres groupes criminels, plus ou moins bien identifiés. «ON VA TOUS MOURIR ICI» Ces «bandits et des petits vagabonds profitent de la situation», raconte un entrepreneur privé, en charge d'une quinzaine de salariés. «Tout ce qu'il y a comme véhicules, ils les prennent et partent avec. Ceux qui ne se sont pas encore fait voler ne sortent plus avec leur moto ou leur voiture.» «Aujourd'hui, les habitants de Gao sont obligés de marcher à pied. On n'aurait jamais imaginé que cela nous arriverait», ajoute cet habitant, qui dit regretter de ne pas pouvoir quitter la ville, située sur le fleuve Niger, à près de 1.200 km au nord-est de Bamako. «Les gens quittent Gao. Ils essaient, mais même cela, il faut avoir de la chance. Dans les rares cars qui partent, il n'y a pas de place jusqu'à mardi prochain». Le prix du litre de carburant a été multiplié par deux: «maintenant, c'est 1.500 FCFA (2,3 euros), si tu as la chance d'en trouver». Les vivres commencent à manquer. «On n'a plus rien, depuis trois jours, on ne mange que de la bouillie». «Nous sommes dans la psychose. Si rien n'est fait, on va tous mourir ici», dit-il, la voix brisée par l'émotion. Selon l'humanitaire, plusieurs centaines de personnes sont parvenues à quitter Gao à pied, et à traverser en pirogue le Gourma, à l'intérieur de la boucle du fleuve Niger. Mais mardi matin, «ceux qui ont tenté de partir ont été refoulés». Ces restrictions des déplacements de civils ont été confirmées par un autre habitant. A Bamako, la junte au pouvoir depuis le 22 mars, a dénoncé ces entraves au mouvement des populations dans tout le nord du pays, affirmant par ailleurs, que les groupes armés y ont perpétré de «graves violations des droits de l'homme», en particulier des viols. |
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