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La droite au pouvoir en France est-elle en train de payer les premières
conséquences du basculement historique du Sénat, dans l'opposition, une
première dans l'histoire de la Vème République. Le scrutin de septembre dernier
a donné la majorité absolue aux sénateurs de gauche et placé Jean-Pierre Bel,
le chef de file des sénateurs PS, à la tête de la Haute Assemblée, et c'est ce
dernier qui s'est dit indigné par le refus du gouvernement d'auditionner des
chefs des services du renseignement français. Dans ce qu'on peut qualifier de
conséquences collatérales des tueries de Montauban et Toulouse, et comme
attendu du fait de la mauvaise prise en charge, en amont, du dossier de Mohamed
Merah, déjà connu des services de la Direction centrale du Renseignement
intérieur, la DCRI, le 27 mars dernier, David Assouline, président socialiste
de la commission sénatoriale pour le contrôle de l'application des lois,
annonce vouloir organiser des auditions sur la législation anti-terrorisme en
vigueur. Cette démarche vient en réponse à Nicolas Sarkozy qui avait annoncé
prendre de nouvelles mesures législatives pour lutter contre, notamment,
l'apologie du terrorisme, au lendemain des tueries de Merah et des polémiques
nées autour de l'enquête. Mohamed Merah a été interrogé, en novembre 2011, au
retour d'un voyage au Pakistan, par la DCRI, créée en 2008 à l'initiative de
Sarkozy, en fusionnant DST et RG. Selon le ministre de l'Intérieur, Claude
Guéant, la DCRI était alors au courant de son déplacement, une première fois en
2010, en Afghanistan, avant d'être renvoyé vers la France et nie toute erreur
de cette dernière en déclarant qu'elle n'avait pas de raison d'aller plus loin
après l'interrogatoire de fin 2011, dans la mesure où Merah n'avait commis
aucune infraction et qu'il n'existait aucun indice concret le rattachant à un
projet ou un groupe terroriste. « La DCRI suit beaucoup de personnes qui sont
engagées dans le radicalisme islamiste. Ceci dit, exprimer des idées,
manifester des opinions salafistes ne suffisent pas à déférer devant la
justice», ajoutera-t-il. Une déclaration qui pourra faire bouger certainement
les choses allant vers une radicalisation de la loi envers les émigrés
suspectés de prosélytisme ou d'apologie du ?djihad' comme l'a proposé Nicolas
Sarkozy qui veut punir la consultation de sites extrémistes, précisant que des
« peines de prison» seront prévues pour ceux qui consultent régulièrement des
sites Internet, faisant l'apologie du terrorisme ainsi que pour les
déplacements à l'étranger « pour y suivre des travaux d'endoctrinement».
David Assouline a déclaré vouloir, derrière son initiative, «dresser un diagnostic partagé des dispositifs législatifs en vigueur, concernant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme». Erard Corbin de Mangoux, directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), et Bernard Squarcini, directeur central du Renseignement intérieur (DCRI) sont ainsi appelés à comparaître devant le Sénat. Le vendredi 30 mars, Gérard Longuet et Claude Guéant, les ministres de la Défense et de l'Intérieur, décident de ne pas donner de suite favorable à la demande socialiste, prétextant un «devoir de réserve» des deux fonctionnaires concernés «n'ayant pas de responsabilité en matière d'évaluation des lois». Prenant acte, Jean-Pierre Bel a dénoncé ce refus, demandant au gouvernement «de revenir sur cette décision, qui constituerait un grave précédent, mettant en cause les prérogatives constitutionnelles du Sénat de la République», d'autant plus qu'«un accord avait, au demeurant, été donné pour une série d'auditions». Le président de la Chambre haute justifie cette demande du Sénat par «l'actualité et des annonces du président-candidat sur des projets de réformes législatives en matière de lutte contre le terrorisme qui seraient soumis à un prochain Conseil des ministres». Par ailleurs, et revenant sur l'enterrement de son fils, jeudi dans la banlieue de Toulouse, Mohamed Benalal Merah a réitéré sa demande auprès de l'Etat algérien pour que son fils soit exhumé et rapatrié en Algérie. Il voulait que Mohamed soit enterré dans le village de Bezzaz. La mère craignait que la tombe de son fils ne soit profanée en France. Quant à la plainte déposée, M. Merah a expliqué qu'il n'a jamais pensé à «attaquer l'Etat français». Tout en déniant aux responsables politiques le droit de lui interdire de s'exprimer sur la mort de son fils, il a expliqué que ses propos ont été déformés par un journaliste qui l'a joint par téléphone, le jour de la mort de Mohamed. Vendredi soir, son avocate Zahia Mokhtari a précisé qu'elle avait été mandatée pour poursuivre non pas la France, mais le Raid. |
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