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Sous pression internationale et notamment la Cedeao
dont une délégation de chefs d'Etat conduite par l'Ivoirien Alassane
Ouattara doit se rendre, aujourd'hui, à Bamako pour
discuter d'un retour rapide à l'ordre constitutionnel, la junte militaire
malienne s'est offert une manifestation de soutien qui a rassemblé des milliers
de personnes, selon les agences de presse.
Les chefs d'Etat de la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) ont pris les devants en suspendant le Mali et en évoquant une possibilité d'une intervention militaire. La Cedeao a indiqué avoir «autorisé «la montée en puissance de sa force pour parer à toute éventualité», tout en nommant le président burkinabé, Blaise Compaoré, comme médiateur. Face à cette pression extérieure qui ne faiblit pas, les «capitaines» maliens qui ont renversé le président ATT tentent de réduire les pressions en faisant miroiter une transition rapide. Ils cherchent à faire valoir que les manifestants étaient plus nombreux hier à les soutenir, que ceux rassemblés la veille par la coalition de partis qui réclame leur départ immédiat. UNE TRANSITION SANS RETOUR D'ATT La junte a annoncé une levée du couvre-feu imposé depuis le coup de force du 22 mars et la mise en place d'une nouvelle Constitution assortie d'un engagement qu'aucun de ses membres ne sera candidat à l'élection présidentielle dont la date n'est pas fixée. Mais les manifestants qui scandaient des slogans hostiles à ATT, à Sarkozy et à la «communauté internationale» ne risquent pas d'alléger les pressions extérieures sur la junte. La Cedeao a tendu la perche à la junte militaire en soulignant, par la voix du ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, qu'une «transition» était envisageable sous la houlette de Dioncounda Traoré, président de l'Assemblée nationale dissoute par les putschistes. «Que le président de l'Assemblée qui est l'intérimaire constitutionnel puisse présider aux destinées du pays dans les modalités définies, arrêtées, acceptées par la classe politique et les responsables de la junte, afin qu'au plus tôt, on puisse aboutir aux élections», est «tout à fait» possible, a-t-il assuré. «Si c'est la formule qui peut permettre de sortir de crise, pourquoi pas? Et je pense que le président Amadou Toumani Touré n'y verrait lui-même pas d'inconvénient, lui qui a toujours souhaité la paix, la stabilité et la démocratie». C'est sans doute cette proposition de sortie de la crise créée par le coup d'Etat que la délégation de la Cedeao va soumettre à la junte malienne. L'option a l'avantage d'écarter un retour d'ATT -dont le mandat expirait et n'était pas candidat aux élections prévues pour le 29 avril-, tout en amorçant un retour à la légalité constitutionnelle. LES PUTSCHISTES NE S'ENGAGENT PAS SUR UN CALENDRIER Il reste à attendre la réponse de la junte (le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat -CNRDRE-junte) dont l'agenda ne semble pas limité par un calendrier. La junte a adopté une Constitution, «l'acte fondamental» de 70 articles qui sera en vigueur dans une transition dont la durée n'est pas déterminée. Hier, le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a souligné que les «changements anticonstitutionnels de gouvernement, accompagnés de violence, peuvent avoir un impact dévastateur sur la situation des droits de l'homme» et a souhaité un retour rapide à la légalité en relevant que le Mali a eu une «bonne pratique en matière d'élections démocratiques au cours des deux dernières décennies et j'espère qu'il reviendra sur cette voie dès que possible». Au nord, le sort de la ville de Kidal reste encore incertain. Certaines informations indiquent que les habitants tentent de fuir la ville encerclée. Des informations contradictoires circulent sur l'identité du groupe rebelle, Ançar Eddine ou MNLA, qui encercle la ville. Dans un entretien à El-Watan, Mahamed Ag Najiim, chef d'état-major militaire du MNLA, affirme que son mouvement est «déjà à Kidal» et qu'il n'y a là-bas ni les «militants d'Ançar Eddine ni les militaires». Mais la chute de Kidal n'est pas confirmée pour l'instant. Et certains observateurs évoquent l'hypothèse qu'Ançar Eddine et le MNLA agissent de concert en profitant de la situation d'instabilité qui règne à Bamako. Les deux mouvements disent encercler la ville de Kidal et se préparer à l'assaut. L'armée régulière affirme, quant à elle, avoir repoussé les attaques contre la ville. |
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