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A la tête du RCD depuis sa création en 1989: Saïd Sadi s'en va

par Z. Mehdaoui

Près d'un quart de siècle (23 ans) à la tête du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi a décidé de céder son poste de président.

C'est ce qu'il a annoncé, hier, à l'occasion d'un discours prononcé à l'ouverture du congrès du parti dans la capitale. «Avec une conscience sereine et une pleine confiance en l'avenir, je vous annonce ma décision de ne pas me présenter au poste de président du RCD», a-t-il annoncé hier, en ajoutant qu'après réflexion, «il est temps que les compétences formées dans et par le parti s'expriment et s'accomplissent».

Saïd Sadi précise, toutefois, qu'il va continuer à militer au sein du parti en tant que simple militant.

«Il va de soi que je resterai militant car j'estime que l'on n'a pas le droit de revendiquer la liberté et la justice et s'exonérer d'un engagement personnel dans les luttes qui se mènent pour la démocratie», a-t-il fait savoir aux congressistes.

 Le président du RCD est revenu, par ailleurs, sur les choix prônés et décidés par le parti depuis sa création.

«Notre rassemblement est la seule formation algérienne, malgré toutes sortes d'entraves, à avoir tenu régulièrement ses réunions et débattu de toutes ses décisions dans ses instances», se félicite Sadi en soulignant que «le RCD est le seul parti à avoir rendu publiques ses résolutions».

Saïd Sadi a aussi justifié la «purge» qu'il a opérée, ces dernières années, à l'intérieur de son parti en affirmant que la gestion des conflits au sein du RCD a été traitée par une structure autonome qui a toujours su faire la différence entre l'erreur et la faute.

«Les décisions arrêtées l'ont été en conformité avec les dispositions statutaires. Et quand des tentations de collusion avec le pouvoir ou des actes délictueux ont été commis au nom du rassemblement, les sanctions prises ont été les mêmes quel que soit le niveau de responsabilité», a déclaré Saïd Sadi en notant qu'en 23 ans d'existence du RCD, les réunions du parti ont été interrompues à seulement deux reprises, l'une à cause d'un état d'ébriété, et l'autre pour des propos injurieux.

«Contrairement à la propagande de la presse publique et parapublique, vous savez aussi que ceux qui ont été rejetés par le parti ne l'ont jamais été à cause d'une opinion ou de prétendues divergences idéologiques qui n'ont jamais été formulées dans le cadre des structures du rassemblement», dira Sadi à l'adresse des cadres de son parti.

Sadi dira que depuis le dernier congrès du parti en 2007, le RCD a dû veiller à entretenir «une éthique politique dans un univers de reniement et de prédation générale, préserver un fonctionnement moderne et démocratique dans nos rangs, garder le cap de la construction d'un projet alternatif, mettre en œuvre nos résolutions et animer le débat national et communiquer dans une vie publique éteinte».

Le président du RCD accuse nommément le DRS (Services de renseignements algériens) de diaboliser le parti.

«Pour le DRS, notre rassemblement devait, plus que tout autre parti, être diabolisé et contenu dans des dimensions et des apparences ne dépassant pas le rôle d'alibi démocratique», soutient Saïd Sadi qui rappelle, par ailleurs, les tentatives de son parti de marcher dans la capitale l'année dernière et empêchées pour cause, ajoute-t-il, «d'officines de propagande staliniennes».

Pour le président du RCD, qui rappellera également ce qu'il qualifie de choix de l'islamo-populisme», décidé en 1958 comme antidote à la démocratie, hormis Boudiaf, aucun dirigeant, ni gouvernement n'a voulu lancer un débat sur ce «glissement tectonique qui a provoqué la régression dans laquelle se délite la nation».

En fait, le constat du président du RCD est sans appel en n'hésitant pas à qualifier de «criminels» les choix qui ont été faits depuis 1962, date de l'indépendance du pays.

Le successeur de Saïd Sadi devrait être connu aujourd'hui à l'issue des travaux du congrès.