Tripoli a officiellement demandé à l'Algérie de l'«aider à former sa
police et son armée». C'est une sorte de confirmation des bribes d'informations
qui circulaient ici et là, depuis le début de l'année, sur une entente
«discrète et cachée» entre Alger et Tripoli, au-delà du dernier sommet de Doha,
et parrainée par le Qatar, sur une aide multiforme aux nouvelles autorités
libyennes. En fait, les relations entre l'Algérie et les nouvelles autorités en
Libye semblent se raffermir à un point que les plus audacieux observateurs
n'osent estimer. Un peu plus d'une semaine, après des propos sibyllins de
responsables libyens sur l'Algérie, qui ne ferait pas assez pour lutter contre
le transit, entre les deux pays, de bandes armées, Tripoli aurait subitement
changé de fusil d'épaule pour reconsidérer, de fond en comble, le cours de ses
relations avec son voisin. La
Libye a demandé officiellement à l'Algérie de l'aider à
reformer sa police et son armée. Un étonnant et soudain changement de cap de la
politique libyenne vis-à-vis de l'Algérie que la visite de Medelci,
ministre des Affaires étrangère, lundi en Libye, explique à moitié. L'autre
moitié de ce nouveau repositionnement des Libyens intervient après la visite
mercredi aux Etats-Unis du Premier ministre adjoint libyen, qui a été reçu par
le président Obama et la secrétaire d'Etat Hillary
Clinton. Jeudi, M. Medelci
avait déclaré à la presse, à Alger, que l'Algérie va aider la Libye à constituer une armée
et une police.
Avec les responsables libyens, dont le président du CNT Mustapha Abdeldjalil, il a indiqué avoir évoqué la sécurité aux
frontières. Pour autant, il a souligné que les discussions ont porté sur la
manière d'aider les Libyens «à constituer une armée et une police». Le chef de
la diplomatie algérienne a affirmé que «la Libye a les moyens de sortir de cette phase de
transition et nous allons l'aider, dans la mesure de nos moyens». M. Medelci a indiqué par ailleurs, qu'une série de visites en
Libye est prévue au niveau du gouvernement et des institutions. «Il y aura une
série de visites en Libye, non seulement au niveau gouvernemental mais
également des institutions», a-t-il ajouté. Il a également rappelé avoir
rencontré, lors de sa dernière visite en Libye, des responsables «qui
souhaitaient que la coopération avec l'Algérie se développe dans tous les
domaines». Les déclarations de M. Medelci
interviennent le jour où le Premier ministre par intérim libyen rencontrait Obama et Hillary Clinton, autour des moyens de sortie de la
crise actuelle et ceux pour aider les Libyens à lutter contre les «restes» du
régime Kadhafi. D'autre part, le Premier ministre libyen par intérim Abdel Rahim al-Kib a demandé jeudi aux
Etats-Unis d'aider son pays à se débarrasser des «vestiges» du régime Kadhafi, ultime
bataille de «la guerre pour la libération de la Libye». «J'ai demandé à Mme
la secrétaire d'Etat de nous aider contre les vestiges du régime Kadhafi», a
déclaré le Premier ministre libyen, lors d'une conférence de presse avec
Hillary Clinton, à Washington. «La guerre pour la libération de la Libye est presque terminée, mais
elle ne le sera vraiment que lorsque nous en aurons terminé avec ces vestiges»,
a-t-il ajouté, annonçant qu'une liste de responsables libyens de l'ancien
régime a été remise aux Américains. Les anciens caciques de la dictature du
colonel Mouammar Kadhafi «sont une source de nuisance. Il faut qu'ils rendent
des comptes», a poursuivi le Premier ministre libyen. «Nous avons également
besoin que les fonds qu'ils ont volés au peuple reviennent en Libye». Le
Premier ministre libyen n'a pas identifié nommément les personnes visées, mais,
selon un haut responsable américain, Tripoli ciblerait notamment le clan
Kadhafi, dont des membres contestent depuis leur exil à l'étranger la
légitimité du nouveau pouvoir libyen. « Les Libyens souhaitent que nous les
aidions à convaincre les pays qui hébergent ces personnes, qu'il n'est dans
l'intérêt de personne de permettre ces provocations», a expliqué le responsable
américain.