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«Monsieur le
Président, croyez-moi, je le jure devant Dieu, je n'avais jamais pensé que
cette plaisanterie allait tourner au drame. D'autant plus que la victime, que Dieu ait son
âme, n'était autre que le mari de ma nièce. C'était le destin, je ne peux en
dire plus».
C'est ce que n'a cessé de répéter, tout au long de son interrogatoire, le dénommé Mohamed R.S., un sexagénaire, GLD connu et respecté de tous dans cette petite commune de Ouamri, chef-lieu de daïra, située à 33 km à l'ouest de Médéa. Mohamed R.S. répondait, devant le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa, de l'accusation d'homicide volontaire sur la personne de Mohammed B. âgé de 70 ans et de tentative d'homicide volontaire dont a été victime Maâmar Z. âgé de 51 ans, qui avait été gravement blessé au niveau du bas-ventre et qui ne dut son salut qu'à une intervention chirurgicale de toute urgence à l'établissement public hospitalier Mohamed Boudiaf de Médéa. C'est en effet avec cette malheureuse et dramatique affaire que se sont ouvertes, dimanche matin, les audiences de la première session, pour cette année 2012, du tribunal criminel près la cour de justice de Médéa. Une affaire dont les faits remontent à cette fatidique fin d'après-midi du mardi 09 août 2011, en plein mois de ramadhan, au niveau du marché de cette petite commune de Ouamri. L'accusé, fellah, venait de déposer trois cageots de figues de barbarie, pour la vente en gros, lorsqu'il fut interpellé par Mohamed B. : «Alors, ta retraite et ta pension de fils de chahid ne te suffisent plus ! Maintenant, tu te mets à vendre des figures de barbarie !», rapportera l'accusé devant le tribunal et précisera que «c'est ainsi que commença la plaisanterie». Ce qui s'était passé ensuite diffère selon la version de l'accusé et celle de la deuxième victime, ce blessé grave qui échappa de peu à la mort. Une recherche de la vérité qui restera vaine devant l'absence, à l'audience, des trois témoins cités et qui étaient présents lors des faits ayant entraîné le drame. «Vous avez d'abord porté un coup de couteau (à cran d'arrêt» à Maâmar Z. qui tentait de vous calmer en s'interposant entre vous et Mohamed B. vers qui vous avez accouru pour lui porter le coup fatal au niveau du cou, qui lui sectionna l'artère principale. Ce qui est tout le contraire de votre propre version des faits. Alors, est-ce cela une plaisanterie ?», ne cessera de répéter, de son côté, M. Mohamed Martil, le président du tribunal criminel. Après la plaidoirie de l'avocat de la partie civile, le représentant du ministère public dira, dans son long réquisitoire : «Les faits de l'homicide volontaire et de la tentative d'homicide volontaire sont établis. Et nous sommes loin de la plaisanterie que veut nous faire accroire l'accusé. Il s'agit de deux victimes et non pas une seule. C'est pourquoi nous réclamons la prison à perpétuité à l'encontre de l'accusé Mohamed R.S.» Quant à l'avocat de la défense, il appellera le tribunal à «requalifier l'accusation d'homicide volontaire et de tentative d'homicide volontaire en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort de Mohamed B. sans intention de la donner». Le tribunal condamnera l'accusé Mohamed R.S. à une peine de dix ans de prison ferme et au versement de 70 millions de centimes et 50 autres respectivement à la famille de la victime décédée et à la deuxième victime blessée. |
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