Etre
député n'est pas une activité professionnelle ni encore un créneau d'art et de
métier. C'est pour cela que rien n'est exigé, hélas, comme pré-requis.
Ceci aurait eu l'impact d'une série de concours préalables avant de subir les
affres du jury populaire. Rien n'aurait empêché les partis, vrais fournisseurs
de l'élite politique, de s'inscrire en porte-à-faux de la loi électorale et
établir en leur sein une charte, un cahier des charges, un manifeste d'éthique.
Ces actes d'adhésion auront, tel un règlement intérieur du militant, à
normaliser, selon l'exigence circonstancielle, le profil idoine de l'éventuel
candidat. Pourquoi dans tel parti un capital d'ancienneté est prôné, alors que
dans d'autres de la rue, au parti au parlement, reste toléré ? C'est de cette
sorte que l'appétit sans cesse, la prétention effrénée et les ambitions
fantaisistes de tout un chacun sauront se faire une retenue. La frénésie comme
une gangrène gagne toutes les cartes militantistes. Dans
des communes, le nombre de candidats avoisine la moitié des électeurs. Il n'est
question ni d'âge ni de niveau. L'on ne va pas, certes, constituer une équipe
nationale où la condition physique est de mise. On veut une assemblée nationale.
Mais l'on ne va pas la faire siéger dans un hospice de crevards ou installer à
chaque siège une potence de sérum ou encore fournir gracieusement des lots de
couches d'absorption urinaire. C'est cela en fait ce que veut le peuple ; des
visages nouveaux, des forces neuves. Voir des députés dégourdis, désintéressés
par la bourse et la vie, servir et non se servir, enrichir la légalité et non
l'invertir, éviter la compromission, la trahison, la défiance, rendre compte
aux citoyens, ne pas cautionner l'injustice, la hogra,
le clientélisme.
Le
président s'est personnellement projeté dans cette mandature. Il veut un taux
record de participation. Mais le souci des électeurs, Monsieur le Président, n'est
pas confiné dans l'effort d'aller ou ne pas aller voter, il est cependant
suspendu à cette angoisse d'élire qui ? Sur quelle personne porter son choix et
non au profit de quel parti mettre son bulletin dans l'urne ? Les partis se
ressemblent, ils sont sans idéologie, une coquille vide que tentent de remplir
des hommes et des femmes. Ce sont ces derniers qui forment l'identité précise
des partis. Ils sont ces partis, éminemment responsables. De surcroît, ceux
pris pour de grosses machines de production. Que Messieurs Belkhadem,
Ouyahia, Aboudjerra
veillent bien à nous présenter un menu listé approprié à notre appétence
démocratique et satisfaire au meilleur coût notre famine de voir du frais et ne
plus revoir le réchauffé, le recyclé ou le surgelé. Ça suffit. Heureusement que
toute une multitude de nouveaux partis est venue garnir davantage l'avenue des resto-politiques et ainsi varier à profusion et à satiété
les menus de personnes et de têtes. Sans ça, avec des escargots entêtés, des bouzeloufs pâteux, des rumstecks carbonisés, il reste
toujours un arrière-goût de brûlé dans la sauce, qui ressemble amèrement à du
déjà goûté, ingurgité et forcément avalé. Le « dégoullis
» prend dans un vomissement quinquennal nos secs estomacs et nos œsophages en
éternelle béance. De grâce Messieurs de ces partis, nous voudrions bien nous
restaurer dans vos auberges, nous voudrions bien mettre nos commandes dans les tables que vous agencez. Faites un effort, remuez vos
popotes, saucez par la fraîcheur les mets que vous allez nous offrir. Evitez, au
nom de Dieu, de placer en tête de menu, comme entrée, des produits exotiques
venus d'ailleurs, des côtes algéroises, inadaptés à
nos us et coutumes culinaires locales. Faites en sorte que le peuple réponde
unanimement et dans un élan d'ensemble cette-fois-ci
et va manger à sa faim. Si c'est ainsi, le taux de restauration sera sans
complaisance ni tromperie, fortement exceptionnel. De vos menus dépendra notre
rassasiement.