Véritable «métier»
dans l'air? du temps, les pratiques charlatanesques font un retour aussi
remarqué qu'inquiétant dans l'esprit «tourmenté» des Tiarétiens. Une jeune
femme, voulant? à tout prix se débarrasser de la «déveine» qui la pourchasse depuis
sa puberté, a frôlé la mort
après avoir ingurgité un élixir «explosif» prescrit par un
charlatan ayant pignon sur rue dans un quartier malfamé de la ville.
La «mutation»
brutale des mœurs de la
société à laquelle viennent se greffer les frustrations et
autre perte d'espoir dans un avenir qui fait peur, le charlatanisme, la sorcellerie, la voyance, voire la magie noire sont
autant de mauvaises façons de conjurer le mauvais sort qui donne tant de soucis
à plus d'un «désespéré» de la
vie. Pratique pourtant proscrite et dangereuse, la sorcellerie est devenue
un «sport» qui se pratique au quotidien. Une mère de famille qui venait de
perdre son époux se trouvait tôt le matin, ce vendredi, au niveau du nouveau
cimetière de la ville
quand elle est tombée nez à nez avec deux individus en train
d'exhumer le corps d'un bébé. «Ils n'ont heureusement pas pu achever leur
forfait, puisque je les ai vus de mes yeux prendre la poudre d'escampette», se
soulage-t-elle. La «race» des charlatans prolifère à vue d'œil aux quatre coins
de la ville de
Tiaret, une giga cité en perte de ses repères. Des individus sans foi ni loi
ont une facilité déconcertante à exploiter la crédulité des gens. Une
pratique librement exercée dans les marchés hebdomadaires surtout, au coin de la rue, à l'intérieur des bains
maures et même dans les maisons. D'autres, se présentant comme des
«spécialistes» de la rokia et
autre hidjama se font payer une fortune pour abandonner leurs «clients» en
proie à des douleurs intenables après avoir ingurgité des potions aussi dangereuses
que douteuses. Le public ciblé par cette «race» de vendeurs de mensonges est
constitué de femmes et de jeunes filles en quête du prince charmant. La semaine dernière encore,
un jeune homme, présentant des signes patents d'une dépression nerveuse, compliquée
par des troubles psychologiques, s'est vu rossé de coups par un prétendu exorciseur
qui s'est fait payer cash un million de centimes pour soi-disant «chasser l'esprit
maléfique qui habite le jeune homme». Le malheureux s'en est sorti avec un séjour
à l'hôpital psychiatrique et une plainte a été déposée
par les parents du malade. Mais qui a dit que «toute société qui n'est pas
éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans ?»