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En attribuant aux prochaines élections législatives une
importance historique aussi grande que celle qu'à
revêtue le 1er Novembre 1954, le président Bouteflika
n'a pas fait dans la comparaison démesurée. La question de la souveraineté
nationale est en effet tout autant en cause à l'occasion du scrutin du 10 mai
qu'elle l'a été dans la nuit du 1er Novembre 1954. Oui, il y va de cette
souveraineté nationale si le scrutin se conclut par un fiasco. Une telle issue
fournira inéluctablement prétexte à l'ingérence étrangère. Une opportunité que
saisiront aussitôt les puissances avec le dessein de mettre sous leur tutelle
cette souveraineté nationale algérienne.
Il ne s'agit pas, en disant cela, d'une vision inspirée par l'attirance de «la théorie du complot». L'Algérie, nous ne le répéterons jamais assez, est internationalement la cible d'une conjonction d'ennemis résolus à lui régler son compte, les uns par dépit historique, les autres pour en finir avec sa fierté rétive qui en a fait un exemple de résistance à leur politique de reconquête néocolonialiste du monde. De l'acharnement que cette conjonction d'ennemis met à vouloir déstabiliser l'Algérie, nous en avons eu des démonstrations. A chaque fois que le pays s'est trouvé confronté à des problèmes, des interférences étrangères se sont produites pour attiser les feux de la discorde algéro-algérienne. Toujours masquées sous les nobles oripeaux de l'amitié, de la défense des droits de l'homme et de la démocratie. Mais, en vérité, avec le seul calcul d'en finir avec une Algérie souveraine dont l'existence dérange. Bouteflika ne s'est pas trompé en avertissant que les yeux du monde entier seront braqués sur l'Algérie à l'occasion du scrutin du 10 mai. Il y aura ceux qui regarderont l'Algérie avec l'espoir qu'à nouveau elle leur montre qu'il est possible aux nations de se faire un chemin vers l'avenir sans le besoin de l'ingérence étrangère. Mais il y a aussi ceux qui guetteront la moindre défaillance que fera apparaître ce scrutin du 10 mai. C'est la raison pour laquelle le pouvoir et le peuple algériens n'ont pas droit à l'erreur en cette échéance électorale. L'erreur, la faute historique consisterait à ce que le rendez-vous électoral du 10 mai ne scelle pas les retrouvailles entre eux en termes de confiance, pour faire que ce moment soit réellement celui à partir duquel «l'Etat puise sa légitimité de la volonté du peuple qui exerce sa souveraineté à travers des institutions constitutionnelles qu'il choisit». C'est au pouvoir qu'il incombe d'abord et avant tout de créer les conditions et le climat qui permettront ces retrouvailles. En concrétisant ses engagements sur la transparence et la régularité du scrutin. En apparence, Bouteflika est déterminé à tenir ces engagements parce que conscient des périls qui guettent le pays dans le cas de leur inobservance. Sauf que nul n'ignore que les desseins étrangers qu'on veut concrétiser en Algérie trouvent des relais nationaux qui sont susceptibles de leur rendre le terrain favorable. C'est pourquoi, c'est aussi l'obligation pour les citoyens de se départir de l'indifférence qu'ils vouent à la chose électorale. De ne pas laisser aux seuls partis la responsabilité de dénoncer et de faire barrage à tout ce qui peut être entrepris pour dévoyer le scrutin du 10 mai. Ce n'est qu'ainsi qu'ils apporteront la preuve que le peuple algérien est conscient des enjeux en cause dans ce rendez-vous et déterminé à déjouer les calculs étrangers élaborés sur son échec espéré. |
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