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Les armes de la Libye passent les frontières algériennes: Des missiles découverts à In Amenas

par Yazid Alilat

Les événements de Libye et la circulation effrayante d'armes de guerre, après la chute du régime de Kadhafi, sont en train de donner raison aux plus sceptiques.

En clair, que ce qui s'est passé dans ce pays où les arsenaux de l'armée libyenne ont été pratiquement pillés et livrés à des groupes inconnus et incontrôlables, est en train de rebondir en Algérie, après avoir donné des signes inquiétants au nord Mali où la rébellion refait parler d'elle.

La découverte par les forces de sécurité algériennes de caches d'armes de guerre près d'In Amenas fait peur. Car ce qui était une éventualité est devenu réalité, même si les gouvernements de la région sahélo-sahélienne avaient mis en place, à l'instar de l'Algérie, tout un dispositif sécuritaire pour lutter contre l'acheminement d'armes de guerre de Libye vers l'Algérie. ?'La frontière avec la Libye est devenue une menace pour la sécurité de l'Algérie'', avait déclaré, au mois de juin dernier à Tamanrasset, le ministre de l'Intérieur lors d'une réunion avec de hauts dignitaires et chefs de tribus des wilayas du sud. Le ministre leur a demandé d'aider les autorités à empêcher toute infiltration de personnes transportant des armes en provenance de Libye. ?'Des moyens humains et matériels importants ont été déployés pour renforcer la sécurité sur nos frontières et interdire toute intrusion'', a-t-il souligné, avant d'affirmer que ?'ce qui se passe ailleurs nécessite également une coordination plus poussée avec les pays concernés (Mali, Niger, Mauritanie)''. Hélas! En dépit des assurances notamment du ministre de l'Intérieur, M. Daho Ould Kablia, en juin dernier, ces armes ont bel et bien franchi la frontière algéro-libyenne et cachées dans la région d'In Amenas, en attente d'une éventuelle utilisation criminelle pour alimenter le commerce international des armes de guerre. Selon une dépêche de l'agence Reuters, les forces de sécurité algériennes ont mis au jour une importante cache d'armes, un véritable arsenal de guerre, comprenant notamment 43 missiles dont 15 antiaériens portables SA-24 et 28 sol-air SAM-7 de fabrication russe, ainsi qu'une grande quantité de munitions.

AL-QAÏDA, LA GRANDE MENACE

Dissimulé sous le sable, à 40 km de la frontière libyenne, l'armement a été découvert grâce à des informations fournies par des contrebandiers et des passeurs actifs dans ce couloir du désert. Cette découverte a été ?'officieusement'' annoncée à Alger à travers l'agence Reuters qui cite un membre des services de sécurité qui a requit l'anonymat. Pour autant, l'information donne une texture plus épaisse aux avertissements de l'Algérie sur la prévention contre le trafic d'armes de guerre issues du conflit libyen. Mais la découverte de In Amenas fait craindre pour les services de sécurité algériens que de telles armes ne tombent entre les mains des groupes terroristes d'Al-Qaïda. Et la découverte de ces missiles, de fabrication russe, relance la piste de quelque 20.000 missiles qui se seraient évaporés des arsenaux libyens au plus fort de la guerre civile dans le pays. Les Etats-Unis, les premiers informés de cette disparition, ont mis en place, selon Reuters, un groupe de travail composé d'experts militaires pour retrouver ces missiles, un véritable danger ?'ambulant'', d'autant qu'ils sont d'utilisation facile, et peuvent être tirés par une personne même non formée contre un avion ou un hélicoptère volant à moins de 4.000 mètres d'altitude. Les nouvelles autorités libyennes, saisies sur ce problème par les Etats-Unis, ont affirmé que ces missiles n'ont pas quitté le pays, et qu'ils seraient aux mains de groupes de révolutionnaires éparpillés dans le pays. La découverte de In Amenas, pourtant, atteste du contraire et rend plus plausible la thèse de la naissance d'un vaste trafic d'armes de guerre né de la guerre de Libye. Et, surtout, que des groupes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique ne détiennent de telles armes, sinon qu'ils seraient à l'origine d'un trafic international des missiles volés des arsenaux libyens. Le ministère libyen de la Défense a remis à l'Algérie des plans récupérés dans les bureaux du renseignement de l'ancien régime du colonel Mouammar Kadhafi indiquant les positions où sont enterrées des armes en territoire algérien, selon la presse nationale. Des informations qui font penser que la guerre de Libye a vomi toutes les armes pillées des arsenaux de Kadhafi sur le Sahara algérien et le nord Mali où la sédition touareg a repris contre le pouvoir central à Bamako.