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![]() ![]() ![]() Affaire de l'assassinat de l'enseignant Kerroumi: Le dossier devant la chambre d'accusation
par Houari Saaïdia ![]() Le juge d'instruction près la 9e chambre du tribunal d'Oran a clôt son
enquête sur le meurtre de l'enseignant universitaire Ahmed Kerroumi.
Il en a transmis récemment le dossier à la chambre d'accusation de la Cour d'Oran, laquelle
juridiction examinera l'affaire dans les jours à venir, fort probablement
durant la première quinzaine du mois prochain. Théoriquement, deux suites
principales sont à envisager : soit que le dossier sera renvoyé devant le
tribunal criminel, soit qu'il retournera en instruction pour un éventuel
complément d'information. Mais dans tous les cas, pour le présumé auteur du
crime, B. Mohamed, la comparution devant la cour d'assises n'est qu'une
question de temps. Reste à savoir, néanmoins, si la chambre d'accusation
approuvera ou non les demandes de la défense qui se résument en quatre points :
l'accès à certains éléments matériels à charge mis sous-scellés,
une contre-expertise ADN, un réexamen plus poussé de l'historique des appels
émis et reçus par le téléphone mobile de la victime durant sa disparition et
l'audition de certains « témoins-clés » - du point de vue des avocats de
l'inculpé - Ces requêtes avaient été rejetées en bloc, lors d'un premier
passage de l'affaire devant la
Cour suprême, rappelle-t-on. Mais rien n'empêche la défense
de revenir à la charge, elle qui dénonce « une instruction à sens unique, invariablement
à charge. » « Même notre demande de consulter le prétendu papier journal
retrouvé sur le lieu du crime et sur lequel des empreintes digitales
correspondant à notre client auraient été prélevées, nous a été refusé. Pire, nous
ne savons même pas de quel titre de journal et de quelle date d'édition, s'agit-il.
Comment peut-on refuter une preuve si nous n'en avons
aucune idée. Ce n'est là qu'une aberration parmi tant d'autres », déplore
l'avocat du mis en cause. Le père de ce dernier, lui aussi, dénonce ce qui
s'apparente, d'après lui, à « une réelle volonté à charger mon fils sans pour
autant lui donner les moyens de se défendre. » « Nous subissons une véritable
rétention des preuves à décharge de mon fils », ajoute-il, tout en soulignant
que « j'ai foi en la justice de mon pays et je souhaite qu'elle assure un
procès équitable qui rendrait inutile toute sollicitation d'instances
internationales. Vu la technicité du dossier, la défense serait contrainte, avec
le consentement du procureur général s'entend, de faire appel à des experts
dans leurs domaines respectifs afin de mettre toute la lumière sur cette
affaire. »
Il y a lieu de rappeler qu'une reconstitution des faits avait été réalisée, il y a quelques mois, dans le lieu où fut retrouvé le corps du défunt Kerroumi, à savoir le local du parti MDS, 7, rue Chanzy, quartier de Sidi El-Bachir (ex-Plateau St Michel), mais cet acte d'investigation n'avait rien donné du fait que l'inculpé avait totalement nié les faits qui lui étaient reprochés. L'intérêt d'une telle démarche était motivé, pour l'instruction, par un faisceau de preuves à charge, parmi lesquelles « l'existence de traces de sang de B. Mohamed, découvertes par les enquêteurs sur plusieurs objets prélevés de la scène du crime, dont une serviette, ainsi que ses empreintes digitales sur un papier journal. » Ce à quoi la défense rétorque par la présentation d'un certificat médical, ainsi que le témoignage du médecin lui-même, attestant que « B. Mohamed avait eu un accident de moto, le 23 avril 2011, soit le même jour de la découverte du corps sans vie de Kerroumi, et qu'il s'était fait suturer au niveau de la mâchoire, à l'EPSP d'Es Seddikia ». Un autre élément important est sujet à débat : le listing des appels téléphoniques reçus et émis par le portable de Kerroumi tout au long de son éclipse. La défense trouve à redire sur le compte-rendu établi par l'opérateur de téléphonie mobile via commission rogatoire du magistrat instructeur. Plusieurs griefs sont formulés par les avocats de la personne mise en examen, s'agissant de cet élément technique, notamment la censure de certains appels, ainsi que la non-précision, pour certains appels des endroits par le système de géolocalisation GPS qu'offre la technologie GSM. |
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