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La proposition de la Ligue
arabe d'envoi d'une force conjointe arabo-onusienne
en Syrie a été vivement critiquée, hier, par plusieurs responsables syriens
ainsi que la presse syrienne qui s'en est prise violemment aux pays du Golfe, à
l'instar du Qatar qualifiant ses dirigeants de «mégalomanes». L'agence
d'information officielle Sana a rapporté que la Syrie est déterminée à
«rétablir la sécurité» dans le pays afin de mettre fin à 11 mois de
contestation. D'autres titres sont allés dans le même sens s'en prenant aux
pays du Golfe, fortement mobilisés sur la crise syrienne, en rejetant les
décisions prises la veille lors de la réunion au Caire de la Ligue arabe, notamment le
soutien politique et matériel à l'opposition syrienne et la demande au Conseil
de sécurité la formation d'une force conjointe arabo-onusienne.
Un responsable syrien, cité par la même agence, a déclaré que «cette décision
et d'autres n'empêcheront pas le gouvernement syrien d'assumer ses
responsabilités dans la protection de ses citoyens et le rétablissement de la
sécurité et de la stabilité». Pour ce même responsable, «la Syrie refuse les décisions
de la Ligue
arabe qui constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du
pays et une atteinte à sa souveraineté nationale. Il s'agit de calomnies et
d'erreurs dues à un jugement éloigné de la réalité du terrain et les pays
arabes, par cette position, veulent provoquer une intervention étrangère en
Syrie». A l'issue de la réunion du Caire, la première réaction officielle a été
celle du vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad, qui avait affirmé que «la Syrie allait présenter des
preuves du soutien de pays voisins aux groupes terroristes opérant dans le
pays».
Au registre des réactions internationales, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a indiqué hier, lors d'une conférence de presse en marge de sa visite en Afrique du Sud, qu'il allait discuter avec ses partenaires de la proposition de la Ligue arabe d'envoyer une force d'interposition en Syrie, en révélant que «les Occidentaux ne devraient pas y participer». Le chef de la diplomatie britannique a déclaré : «Je ne crois pas qu'avoir des bottes occidentales sur le terrain, quelle qu'en soit la forme, y compris une force de maintien de la paix, soit une voie à suivre en Syrie». M. Hague a ajouté que «son succès dépendrait de l'établissement d'un cessez-le-feu crédible et de la fin de la répression du président syrien, Bachar Al-Assad, contre les civils». Le ministre britannique s'est félicité de la décision d'organiser une «conférence des amis de la Syrie» le 24 février en Tunisie, une rencontre lors de laquelle son pays jouera un rôle très actif. De son côté, la France, par le biais du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valéro, a clarifié hier sa position sur la proposition de la Ligue arabe en réaffirmant son soutien à la démarche pour résoudre la crise en Syrie, en insistant, toutefois, sur la nécessité d'une expression politique de l'ONU, mais en s'abstenant, dans le même temps, de se prononcer sur sa demande d'une force de Casques bleus. M. Valero a indiqué que la France participera activement à la conférence de Tunis le 24 février prochain. S'agissant des relations diplomatiques entre les deux pays, le porte-parole du MAE français a déclaré : «Il n'est pas question à ce stade de fermer notre ambassade à Damas, dont le rôle est important dans le contexte actuel». Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a mis en garde, à Bordeaux, contre «toute intervention, à caractère militaire, extérieure» en Syrie. Interrogé lors d'un point de presse sur la possibilité que la France envoie des Casques bleus en Syrie, M. Juppé a répondu: «Nous pensons qu'aujourd'hui toute intervention, à caractère militaire, extérieure ne ferait qu'aggraver la situation, d'autant qu'il n'y aura pas de décision du Conseil de sécurité, qui est la seule instance à même d'autoriser une intervention militaire». Pour sa part, l'Union européenne a également exprimé son soutien à la Ligue arabe et ajouté que cela comprenait aussi sa demande au Conseil de sécurité de former une force conjointe ONU-Arabes pour mettre fin aux violences. Michael Mann, le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, a révélé : «Nous sommes en contact constant avec le secrétaire général de la Ligue arabe et les Nations unies afin de discuter de quelle manière ceci peut être mis en marche aussi vite que possible». La Russie étudie la proposition de la Ligue arabe de déployer une force conjointe ONU-Arabes en Syrie, tout en jugeant qu'un cessez-le-feu est nécessaire avant l'envoi de soldats de maintien de la paix, a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. «Nous étudions cette initiative et attendons que nos amis des pays arabes clarifient certains points», a-t-il dit, estimant que ce sera chose faite «dans les jours à venir». «Pour déployer une force de maintien de la paix, il faut l'autorisation de la partie qui la reçoit, tout d'abord. Deuxièmement, pour envoyer une mission de maintien de la paix, comme on l'appelle dans le jargon de l'ONU, il faut qu'il y ait une paix à maintenir», a jugé M. Lavrov. «En d'autres termes, il faut quelque chose qui ressemble à un cessez-le-feu», a résumé le chef de la diplomatie russe. Or, selon lui, ce sera un objectif difficile à atteindre. |
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