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Dans l'Algérie de 2012, chez les jeunes et les moins
jeunes, la neige nattendue,
avec ses joies et ses peines, est bien partie pour être l'évènement de l'année.
Les dizaines de films, certains d'une remarquable drôlerie, qui tournent sur
Internet en sont la
parfaite illustration. Rien, ni dans le meilleur ni dans le
triste, ne viendra concurrencer la neige. Surtout pas les élections législatives, dont
la date a été
annoncée jeudi soir sur un ton monocorde par le chef de l'Etat.
Ni le toilettage des lois, ni l'agrément, très tardif, d'une «fournée» de partis politiques après un gel de la vie politique qui se poursuit de fait, ne sont de nature à créer de l'enthousiasme pour les élections. Dans ce domaine, la réussite du régime algérien est totale. Il voulait dégoûter les Algériens de la politique, il a réussi. Au-delà de toute attente. Le discours du chef de l'Etat, malgré son apparente neutralité, traduit ouvertement l'appréhension du pouvoir à l'égard de l'abstention. Ni les assurances d'une transparence du scrutin, ni les mises en garde contre l'utilisation des moyens de l'Etat, et encore moins le recours à des observateurs étrangers ne peuvent remettre en cause la grande réussite du pouvoir : celle du désintérêt général de la plupart des Algériens à l'égard de la politique. Du moins telle que le régime a voulu qu'elle soit. On ne s'intéresse pas subitement à la politique après plus d'une décennie de glaciation, de jeux de rôles imposés aux partis et de fiction institutionnelle. Les «têtes» qui vont sortir pour demander des suffrages paraîtront pour beaucoup comme venues d'une autre planète. Un député, c'est normalement très sérieux. Mais comment éviter que le scrutin législatif ne soit pas une «simple course au siège», pour reprendre la formule du chef de l'Etat, quand les partis ont été systématiquement interdits de contact avec la population et quand les médias audiovisuels ont été fermés ? Ce n'est pas en les ouvrant pour la campagne électorale que des électeurs vont se faire une idée réelle de ce que proposent les uns et les autres en termes de programmes et d'idées. L'Algérie a été transformée, par choix des décideurs, en un désert politique. L'angoisse des hommes de pouvoir à l'égard de l'abstention est d'autant plus étonnante qu'ils ont œuvré, de mille et une manières, à la dépolitisation générale. Comment attendre un «franc engagement» des électeurs alors qu'ils ont appris, au fil des ans, que les partis politiques, c'est pour la frime, et l'Assemblée populaire nationale, c'est pour la forme et? pour un excellent salaire de député. Il est difficile de trouver dans les deux dernières décennies une quelconque raison de s'enthousiasmer pour les élections. S'intéresser à la politique en Algérie est déjà, pour ceux dont c'est le métier, comme les journalistes par exemple, un exercice éprouvant et sans saveur. Le régime a tellement bien «encadré» les appareils partisans qu'il était presque inutile de chercher à décoder leur effort vain d'assurer une animation politique dans un pays où la politique était bannie de fait. L'abstention est le produit naturel d'une fausse vie politique imposée depuis plus d'une décennie. Et cela ne se rattrape pas à trois mois des élections. |
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