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En opposant leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU à la
résolution sur la Syrie,
la Russie et la Chine n'ont nullement
accordé au régime de Damas le permis de continuer à tuer son peuple, comme l'en
accusent l'Amérique et des pays européens. Ils ont d'abord et avant tout dit
non à un enchaînement, dont la phase ultime que préparent déjà ces derniers
pays est une intervention militaire étrangère en Syrie.
Il est vrai que la position de la Russie et de la Chine a du mal à être comprise par une bonne partie de l'opinion internationale, légitimement révulsée par ce qui se passe en Syrie mais aussi conditionnée par une présentation médiatique des faits systématiquement à charge contre le régime syrien, dont ils apparaissent comme les derniers soutiens internationaux. En Syrie, il se déroule une guerre civile dont la réalité est occultée par les Occidentaux et les médias, pour lesquels ce qui se déroule dans ce pays est une insurrection populaire contre un régime dictatorial, sanglant, ne se maintenant au pouvoir que par la répression. Un parti pris qu'ils affichent en ignorant ou en récusant en doute tout point de vue émis par des Syriens le contredisant. Pourtant, il est clairement démontré que si une partie du peuple syrien est en révolte contre Al-Assad et son régime, une autre, non moins importante, veut autre chose. Ce ne sont pourtant que les porte-voix des partisans du premier camp qui ont les honneurs des « unes » et des tables rondes des médias occidentaux et qui surtout se sont vus adoubés par les chancelleries occidentales de la légitimité à parler au nom de l'ensemble du peuple syrien. Les veto russes et chinois ont signifié à l'Amérique et aux Européens qu'il ne leur sera pas possible, sous prétexte de « protection » du peuple syrien, de rééditer le scénario qu'ils ont mis en œuvre dans la crise libyenne. Russes et Chinois sont évidemment accusés d'avoir agi avec cynisme et au nom de leur raison d'Etat, qui leur fait défendre un régime tyrannique plutôt qu'un peuple se battant pour sa liberté et la démocratie. En les accablant de ce reproche, les Occidentaux font preuve d'un cynisme encore plus offusquant. Mais enfin, l'Amérique et l'Europe n'ont pas autorité morale à blâmer en la matière ! Russes et Chinois n'on fait que les imiter et leur rendre la monnaie de la pièce. Moscou et Pékin savent que leurs pays peuvent devenir les théâtres du même jeu auquel s'adonnent les puissances occidentales contre les régimes arabes. Il leur fallait démontrer à ces puissances que ce n'est pas la solution pour régler les crises nationales. Russes et Chinois savent néanmoins que les choses doivent changer en Syrie. Ils doivent désormais exercer toute la pression nécessaire sur le régime de Damas pour qu'il s'engage irrévocablement sur cette voie. L'Amérique et les Européens essayeront par tous les moyens de rendre impossible cette sorte de sortie de crise en Syrie. Washington dit « penser » à armer les révoltés syriens, alors que c'est déjà fait. Preuve en est que la solution militaire contre Al-Assad et son régime est l'option occidentale depuis le départ de la crise syrienne. Maintenant, pour contrecarrer tout plan de sortie pacifique de cette crise, les Occidentaux pousseront les protagonistes placés sous leur aile à faire dans la surenchère qui le fera échouer. |
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