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Etant
tributaire des importations pour faire
face aux besoins de sa population, l'Algérie doit inévitablement compter avec
les fluctuations que subissent les prix des matières et produits qu'elle importe
sur les marchés internationaux. Il ne faut pas être sorti d'une grande école
commerciale pour comprendre qu'une partie de l'inflation dont pâtit le pays est
due à sa dépendance à ces marchés internationaux.
Le citoyen lambda ne récuse pas cette évidence amère. Ce qui le révolte est que l'inflation à « l'algérienne » emprunte un ascenseur dont le moteur est boosté par d'autres forces que celle générée par la fluctuation des prix sur les marchés internationaux. C'est un secret de polichinelle que la flambée des prix a chez nous d'autres causes. La dévaluation rampante mais officielle du dinar en est une, à laquelle se surajoute une spéculation mercantile effrénée et sans contrôle. L'inflation importée est sans conteste à l'origine du surenchérissement des prix qui fait flamber les mercuriales. Ses effets sont inévitablement décuplés par la dévaluation de la monnaie nationale. Mais cela ne justifie nullement l'ampleur des embardées haussières qui font grimper les prix sur le marché national, dont la fixation est déterminée par des acteurs économiques mus par une logique qui ignore superbement les deux lois fondamentales du commerce, à savoir celles de l'offre et de la demande, et le libre jeu de la concurrence. L'Etat a eu beau légiférer en la matière, le marché national reste soumis à la loi d'airain de la spéculation que génère la mainmise sur ses approvisionnements par des monopoles constitués de fait et les ententes illicites qu'ils imposent à tous les niveaux de la chaîne du circuit commercial. Il est tout de même absolument incroyable que les prix pratiqués en Algérie soient les mêmes systématiquement et partout à travers le territoire national. N'est-ce pas là la preuve que leur fixation n'a rien à voir avec les deux lois fondamentales du commerce évoquées ? L'Etat n'ignore pas cette réalité mais ne fait rien pour la faire cesser. C'est qu'il se trouve que les bâtisseurs de monopoles dans le pays sont des puissances occultes qu'il ne peut bousculer, car faisant partie intégrante du pouvoir de décision en Algérie. Ils sont parfaitement identifiés, comme l'a certifié un jour le Premier ministre, et l'ont déclaré sous forme de confirmation un autre jour les ministres du Commerce et de la Santé. Sans pour autant avoir été inquiétés ou contraints à changer de pratiques. Le gouvernement a « pondu » des lois qui rendent illicites les positions de monopoles et officialisent la libre concurrence sur le marché national. Quid de leur application sur le terrain ? Dès que les autorités ont des velléités d'en faire respecter les prescriptions, elles ont été contraintes de faire marche arrière, preuve s'il en est que ceux qui s'y opposent ont la puissance de faire reculer l'Etat. Au constat de cette vérité, comment veut-on que le citoyen lambda se fasse une raison sur l'inflation qui ruine son pouvoir d'achat et surtout qu'il en accepte la fatalité, parce que causée par la fluctuation des prix sur les marchés internationaux ? Il n'est pas dupe du pourquoi de la situation et c'est ce qui explique que les explosions de colères populaires sont contre l'Etat et ses représentations. C'est ce qui s'est produit en janvier 2011, suite à quoi les pouvoirs publics ont pointé du doigt la maffia des monopoles, mais sans sévir contre elle. Leur apathie face à un marché pris de folie spéculative attise le mécontentement populaire et peut donner prétexte à une autre révolte sociale, que cette fois il leur sera impossible d'éteindre par la distribution de largesses financières, car les citoyens ont vérifié que celle-ci s'accompagne inéluctablement d'une flambée inflationniste qui en rend plus douloureuse son inadéquation à la saignée financière qui leur est imposée. |
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