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Le veto russo-chinois contre une résolution au Conseil de sécurité ne constitue pas une surprise. Le concert de dénonciations des Occidentaux et de certains gouvernements arabes non plus. La Tunisie a choisi d'être en pointe en rompant les relations avec la Syrie. Elle sera probablement suivie par d'autres pays arabes, du Golfe notamment, qui ont pris les commandes au sein de la Ligue arabe. Les positionnements des uns et des autres sont lisibles et il ne sert à rien d'essayer d'en qualifier la sincérité. Au Conseil de sécurité, il s'est joué une partie de bras de fer entre puissances qui dépasse très largement la Syrie. Les Russes, qui ne croient pas que le déploiement d'un système antimissiles (ABM) à leurs frontières soit destiné à contrer une hypothétique attaque iranienne, viennent d'annoncer à leur tour la mise en place d'un système de défense antiaérienne et spatiale. Au secrétaire général de l'Otan qui a annoncé la poursuite du déploiement de l'ABM au nom de la «défense de la population», le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a répondu : «Nous ressentons également une responsabilité pour la défense de notre peuple contre vos missiles. Nous allons créer alors une bonne défense aérienne et spatiale». On est, en apparence, loin de la Syrie. Mais, dans les logiques de puissances, le Conseil de sécurité est un lieu d'équilibre, un espace où le poids de chacun est pris en considération. Le précédent libyen, où les résolutions du Conseil de sécurité ont fait l'objet d'une interprétation extensive de la part des Occidentaux, ne doit pas faire jurisprudence, selon Moscou et Pékin. Leur méfiance est telle qu'ils ont vu dans la résolution du Conseil de sécurité soutenant la Ligue arabe dans la crise syrienne la même possibilité d'interprétation extensive. La Ligue arabe étant, selon leur analyse, totalement entre les mains des pays du Golfe, cela équivaut à donner un mandat aux Occidentaux de faire ce qu'ils veulent en Syrie. C'est donc en défense de leur statut de puissances qui ont «leur mot à dire» dans le fonctionnement du monde que Moscou et Pékin ont fait usage du veto, en prenant le risque de paraître insensibles aux souffrances des Syriens. Et de fait, ils n'ont pas bonne presse en Occident et dans les médias arabes. Les Russes et les Chinois peuvent démontrer, exemples à l'appui, que les cris d'orfraie des Occidentaux ne sont pas dénués d'hypocrisie. Cela fait partie des jeux habituels des propagandes. Pourtant, ni Moscou ni Pékin ne peuvent occulter qu'en faisant usage du veto, cela ne les rend que plus responsables dans le dossier syrien. Ils doivent peser désormais de tout leur poids sur le régime de Damas pour stopper la spirale sanglante dans laquelle s'enfonce la Syrie depuis plus de dix mois. Tel semble être l'objectif de la mission à Damas du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le directeur du Service de renseignements extérieurs de Russie, Mikhaïl Fradkov. Et Moscou, qui est avec Pékin le seul soutien extérieur de Damas, a les moyens de se faire entendre. |
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