Au troisième jour du «blocus» imposé par la neige dans la capitale de
l'Est, l'activité commerciale a été réduite à sa plus simple expression
laissant la place à une pénurie de produits de base, notamment le pain et le
lait. Le directeur du commerce de la wilaya est intervenu, hier, sur les ondes
de la radio régionale pour affirmer que tous les produits existent sur le
marché et en quantités suffisantes. Mais une virée faite, hier matin, au niveau
du centre-ville donne une tout autre impression. En effet, les rues et les
boulevards sont, d'une part, désertés par la population à cause de la neige qui
continuait à tomber rendant tout déplacement aléatoire, et d'autre part, 90%
des magasins gardaient les rideaux fermés. Dans ces circonstances, les citoyens
qui cherchent à s'approvisionner en denrées alimentaires n'ont eu que les
marchés populaires du centre-ville, de Boumezzou et
de Bettou, pour le faire. Et encore, dans une
proportion de 75% les marchands de ces deux places commerçantes ont gardé leurs
boutiques et leurs étals fermés.
Autant dire tout de suite que, devant la faiblesse de l'offre, la
mercuriale a flambé d'une manière tout à fait singulière en prenant la direction
opposée du thermomètre, faisant que les prix des viandes et des légumes ont grimpé
et certains sont carrément passés du simple au double. Commençons par les
produits de base comme la pomme de terre dont le prix est passé de 50 à 70
dinars le kilo en quelques jours. C'est le même constat et le même prix pour sa
voisine la tomate. D'autre part, la période qui coïncide avec la célébration du
Mawlid Ennabaoui, fête
durant laquelle les Constantinoises préparent des plats spécifiques faits de
couscous et de chekhchoukha abondamment garnis de
viandes et de courgettes, le prix de ces denrées est passé à 750 dinars pour le
kilo de viande de bœuf (celle-ci se vendait jeudi passé à 600 dinars seulement),
1.200 dinars pour la viande ovine (980 dinars la semaine passée) et le prix de
la courgette est monté à 160 dinars le kilo alors qu'il était à 120 dinars la
semaine passée. Quant au poulet qui se vendait hier à 330 dinars le kilo, nous
avons compté sur les doigts d'une seule main les comptoirs ouverts dans ces
deux marchés car, selon les déclarations des commerçants, «les producteurs
n'ont pas travaillé». Un autre a estimé que «c'est mieux que rien parce que les
voies de communication sont bloquées par la neige, rendant difficiles les
déplacements des grossistes qui approvisionnent les marchés». En ce qui
concerne le pain, seules quelques rares boulangeries ont ouvert, hier, mais
paradoxalement, ce produit est disponible à profusion sur les trottoirs, chez
les vendeurs informels. Pour le lait, celui-ci était introuvable le matin dans
les magasins de vente du centre-ville, mais les commerçants ont promis qu'il
sera disponible vers 16 heures, car, affirment-ils, il leur a été promis une
livraison exceptionnelle à partir de cette heure.