|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le comportement de la Ligue arabe dans la crise syrienne est absolument
confondant. En apparence, cette organisation donne l'impression d'agir à
l'unisson de ses Etats membres. En réalité, ceux-ci sont totalement divisés sur
la question et la solution de sortie de crise à préconiser.
C'est un secret de Polichinelle que le plan endossé par cette organisation prévoyant le départ de Bachar el-Assad dans les deux mois et son remplacement par le vice-président Farouk El-Charah, qui se chargerait de mettre en place un gouvernement d'union nationale destiné à organiser des élections législatives et présidentielles, qu'elle a transmis à l'ONU, est contesté et rejeté de partout. Par des Etats membres de la Ligue arabe autres que le Qatar, l'Arabie Saoudite et les Emirats du Golfe. Mais aussi et à la fois par le régime de Damas et les oppositions qui mènent la révolte contre lui. Ce plan ne peut dans ces conditions être présenté comme celui de la Ligue arabe, ainsi que le font les puissances occidentales qui s'en prévalent pour tenter de forcer la main aux membres du Conseil de sécurité et obtenir de celui-ci le feu vert à l'intervention internationale. Le scénario de ce plan est l'œuvre du Qatar, appuyé en sous-main par l'Arabie Saoudite. Il est pratiquement à l'identique de celui que ces deux Etats ont mis en œuvre dans la crise yéménite. L'activisme de ces deux monarchies, aux régimes encore plus obscurantistes et antidémocratiques que celui de Damas, doit interpeller les consciences dans le monde arabe. L'Arabie Saoudite et le Qatar prétendent défendre le peuple syrien contre l'oppression dont il est victime de la part d'El-Assad et de son régime. En vérité, ils poursuivent un tout autre but que la protection de ce peuple ou la démocratisation de la Syrie. Le Qatar et l'Arabie Saoudite sont parties prenantes d'une stratégie dont les concepteurs ne sont ni à Doha ni à Riyad, mais à Washington et Tel-Aviv. Que l'on se comprenne : il ne s'agit pas en disant cela de défendre le régime syrien. Celui-ci a perdu toute légitimité et rien ne doit être fait ou soutenu qui va dans le sens de son maintien au pouvoir. Il s'agit tout simplement de faire voir une évidence qui est que le Qatar et l'Arabie Saoudite roulent pour des intérêts autres que ceux du monde arabe dans les crises qui le secouent. Les deux monarchies sont dans le camp américano-israélien et œuvrent à faire aboutir ses dessins géopolitiques pour le Moyen-Orient. Il n'y a que les naïfs et totalement aveugles d'entre les citoyens arabes pour croire que le Qatar et l'Arabie Saoudite se sont convertis à la libération des peuples et à l'avènement de la démocratie dans le monde arabe. Le Qatar et l'Arabie Saoudite ont pour mission, sous couvert d'appui aux révoltes populaires arabes, d'activer une recomposition politique régionale au profit des intérêts de l'Amérique et d'Israël. Le régime d'El-Assad à la tare d'être vomi par son peuple. Il aurait été néanmoins épargné, comme le sont ceux du Qatar et de l'Arabie Saoudite, s'il avait fait choix de renoncer à ses alliances politico-militaires dans la région avec des Etats et des organisations dont l'Amérique et Israël veulent la destruction. Riyad et Doha se sont totalement investis dans cette destruction programmée. Ce qui leur vaut la compréhension et la protection de leurs maîtres à penser et le statut de régimes intouchables, même quand la situation des peuples qatari et saoudien est aussi condamnable que l'est celle des Syriens. |
|