La régulation du
web était au rendez-vous de l'actualité internationale de ce début d'année. Le
Congrès américain a décidé d'ouvrir les discussions parlementaires autour des
projets de lois SOPA (Stop Online Piracy
Act, Loi pour arrêter le piratage en ligne) et PIPA (Protect IP Act, Loi pour protéger
la propriété intellectuelle l'IP). Ses partisans
arguent que c'est le seul moyen qui faciliterait la fermeture «légale» des
sites web qui diffusent des films, musique et logiciels piratés à partir des
serveurs administrés à l'étranger. Plus nombreux, ses opposants se sont
demandés s'il est permis de toucher à l'infrastructure même de l'Internet pour
protéger les droits du copyright. Ils estiment que de tels textes, en donnant
plus de pouvoir aux propriétaires de contenu, détruiraient l'architecture de
l'Internet d'une manière qui va menacer la liberté d'expression qui le
caractérise. Sur une simple demande, un procureur américain peut imposer à un
opérateur de télécommunications, à un prestataire de nom de domaine ou à un
provider de procéder à un filtrage DNS. En clair, empêcher qu'une adresse web
se traduit en adresse IP même s'il s'agit de noms de domaine de premier niveau,
à l'image de notre .dz, et même si l'opérateur
sollicité est Algérie Télécom et le prestataire de nom de domaine est le Cerist. La contestation numérique n'a pas tardé à répliquer.
Pour frapper l'opinion publique, elle a eu recours à des actes historiques. Pour
la première fois, des géants du Net comme Wikipedia
et Reddit ont planifié un large blackout
de leurs sites. Ils ont noirci leurs «homepages» afin
de sensibiliser les internautes des dangers de ces lois. Tumbler,
une société de médias, a redirigé les requêtes de contenus de son site vers une
page demandant aux connectés de s'opposer au SOPA en téléphonant au Congrès. L'émeute
numérique, autre fait historique, s'est également produite. Des sites web du
département de la justice américain, du FBI, des partisans du SOPA comme Universal Music ont essuyé une belle émeute numérique
qu'ils avaient bien cherchée. Anonymous, un groupe de
pirates informatiques pour certains et altermondialistes
numériques pour d'autres, a lancé des attaques DOS contre ces sites en signe de
représailles contre la fermeture de la plate-forme de partage de fichiers Megaupload et l'arrestation de son fondateur après un raid
de 70 policiers ! Cette réaction numérique a donné un premier résultat: le vote
du Congrès est reporté.