Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Redjam Youcef Khodja, directeur central de la production et de la régulation au ministère de l'Agriculture: «Le marché connaît un apprivoisement ininterrompu»

par Zoubir Merabet

Redjam Youcef Khodja, directeur central de la production et de la régulation au ministère de l'Agriculture, défend dans cet entretien le dispositif mis en place pour réguler le marché et assurer un approvisionnement continu et une «relative stabilité» des prix. Selon lui, les prix seront mieux maîtrisés avec la consolidation de l'organisation des filières et l'amélioration des circuits de distribution.

«L'année 2011 sera l'année de la régulation du marché». Cette phrase avait été répétée inlassablement par les différents responsables des ministères de l'Agriculture et du Commerce. On est en 2012 mais rien ne semble avoir été encore régulé.

Redjam Youcef Khodja : La régulation du marché consiste dans l'ajustement du flux de produits de large consommation destinés à l'approvisionnement. Cet ajustement vise un double objectif, à savoir celui de préserver le revenu des producteurs et celui d'assurer une relative stabilité des prix à la consommation, en particulier pour les ménages à revenus modestes. Les politiques agricoles déclinées à la fois en programmes et en objectifs, avec tous les moyens d'accompagnement nécessaires (financier, technique, technologique et organisationnel) ont pour but ultime d'accroître sans cesse le niveau de sécurité alimentaire du pays en particulier pour certains produits agricoles de large consommation. Dans ce cadre, de nombreuses mesures ont été prises par différents départements ministériels à l'effet de préserver le marché des perturbations en matière d'approvisionnement et de la volatilité des prix à la consommation. Des mesures sont prises en ce sens depuis plusieurs années. Ces mesures se consolident et sont réajustées à chaque fois que c'est nécessaire. Il faut rappeler que le marché connaît un apprivoisement ininterrompu pour l'ensemble des produits de large consommation, y compris les produits agricoles frais. La densification du réseau et des circuits de distribution seront sans doute améliorés au vu des programmes d'implantation de marchés de gros et de proximité ce qui contribuera ainsi à une meilleure organisation.

Malgré la mise en place du système de régulation des produits agricoles de large consommation (SYRPALAC), certains produits tels que la pomme de terre et les viandes blanches connaissent des hausses de prix injustifiées sur les marchés de détail. Pourquoi à votre avis une telle situation alors que la production est en constante progression ?

Par votre question vous apportez la confirmation de l'accroissement constant de l'offre des produits. En conséquence, le système de régulation a permis en amont un accroissement de l'offre par une offre nationale de production devenue une réalité. Globalement et au vu de l'expérience acquise au cours de ces dernières années, le prix de la pomme de terre, à titre d'exemple, est relativement maîtrisé. Certains produits peuvent connaître de manière conjoncturelle une volatilité des prix qui ne correspond pas toujours à la réalité. Ces écarts seront mieux maîtrisés, à la fois par une consolidation de l'organisation de la filière et une amélioration des circuits de distribution.

Les producteurs, les grossistes et les détaillants se rejettent régulièrement la balle sur la flambée des prix. L'état est-il incapable d'intervenir en engageant des enquêtes et situer les responsabilités ?

La chaîne d'approvisionnement des marchés doit sans doute disposer de plus d'éléments de traçabilité. Le premier maillon de cette chaîne contient des éléments de vérification de toute nature qui peuvent être observés et constatés.

A qui incombe la réorganisation des marchés de gros et quelles sont les capacités de stockage actuelles ?

L'organisation des marchés de gros relève d'un département ministériel. D'autres départements peuvent par ailleurs être associés sur des points précis. Quant aux capacités de stockage, elles ne sont pas négligeables. Un vaste programme de modernisation, de mise à niveau d'infrastructures déjà existantes est en cours d'achèvement. Des projets importants d'accroissement des capacités de stockage sont en cours de mise en œuvre.

Le gouvernement continue de soutenir la production des céréales mais la facture d'importation a littéralement explosé avec une augmentation de 133% selon les derniers chiffres. Pourquoi une telle situation ?

Le soutien à la production nationale de céréales est une nécessité dans la perspective d'un accroissement de notre production à terme et corrélativement à une diminution de nos importations. L'augmentation des importations de céréales a une double origine. Il s'agit de la constitution de stocks stratégiques importants et de l'augmentation des prix sur le marché mondial.

La politique du ministère de l'Agriculture s'appuie sur le rendement pour se substituer aux importations. Est-ce que vous pensez que l'Algérie pourra un jour assurer sa sécurité alimentaire ?

La politique du ministère s'appuie sur un ensemble cohérent de dispositifs et de mesures dont l'objectif est d'accroître le niveau de notre production afin d'aboutir progressivement à une diminution de nos importations et à terme parvenir à l'objectif de sécurité alimentaire pour les produits de large consommation.