L'annonce de la réouverture, en février prochain, de la raffinerie
d'Arzew par le ministre de l'Energie et des Mines mettra-t-elle, pour autant, un
terme à la crise des lubrifiants qu'a connue le pays pendant l'été dernier ? A
en croire Youcef Yousfi, cette
réouverture permettra de satisfaire les besoins du marché national en huiles
pour moteurs. A une question d'un député du Conseil de la nation sur le sujet, le
ministre imputera cette pénurie d'huiles pour moteurs à la fermeture pour des
travaux de maintenance et l'élargissement de la capacité de production de la
raffinerie d'Arzew qui couvrait un taux considérable du marché national. Il a, également,
expliqué ce dysfonctionnement par l'épuisement du stock du groupe Naftal en huiles pour moteurs, engendré par la forte
demande sur ce produit enregistrée l'été dernier, conjugué à l'incapacité des
importateurs privés à approvisionner le marché national en quantités
nécessaires. Rappelons qu'aux moments forts de la rupture des
approvisionnements du marché national en huiles pour moteurs, la direction de Naftal, chargée de la distribution des dérivés pétroliers, avait
indiqué que l'origine de cette crise était liée au trafic croissant de
véhicules en période estivale. «La production des lubrifiants ne répond pas aux
besoins du marché qui enregistre une hausse constante de véhicules en
circulation durant la saison estivale, notamment avec l'arrivée des émigrés», avait
précisé, alors, le chargé de communication de l'entreprise. Pour éviter à
l'avenir tout risque de pénurie, M. Yousfi a déclaré
que Naftal a reçu des consignes pour l'importation de
quantités supplémentaires d'huiles pour moteurs en vue de constituer un stock
national de produits pétroliers et assurer la continuité du programme national
de réhabilitation des raffineries, sans, toutefois, causer un dysfonctionnement
dans la distribution des dérivés pétroliers. Concernant la mauvaise qualité des
huiles importées par des opérateurs privés qui ne répondent pas aux normes
requises et à l'origine des pannes de plusieurs véhicules, le ministre, tout en
expliquant que le contrôle de qualité ne relève pas des prérogatives de son
département, annonce que ses services travaillent actuellement en coordination
avec le ministère du Commerce pour l'élaboration d'un nouveau dispositif
réglementaire.
Cette contrefaçon des huiles a été soulevée en été avec l'introduction
par certains importateurs de lubrifiants non conformes aux normes, les
proposant même à des prix excessifs. Des huiles synthétiques avaient inondé le
marché et les produits estampillés Naftal n'ont pas
échappé à la fraude. Ainsi, le litre de l'huile de moteur est passé de 200 à 500
DA. M. Yousfi précisera encore que le dispositif mis
en place sera chargé de réorganiser l'activité du marché national, à travers le
durcissement du contrôle et la définition des normes de pratique de l'activité
de stockage et de distribution sur le marché national. Ainsi, le distributeur
se doit de conclure un contrat le liant au propriétaire de la marque
commerciale du produit, de garantir la pérennité du service et d'assumer toutes
les responsabilités devant le client en cas de dégât dans le moteur de la
voiture suite à l'utilisation du produit. Par ailleurs, la crise du carburant, même
si elle a été un tant soit peu atténuée, sévit toujours à l'Ouest du pays. L'Union
nationale des investisseurs propriétaires et exploitants de relais et de
stations-service (Uniperst) avait dernièrement tiré
la sonnette d'alarme en demandant que des mesures d'urgence soient prises pour
normaliser le marché d'une manière durable et stable. Les membres de son bureau
national expliquent les raisons d'une telle pénurie qui sont à chercher du côté
des capacités de stockage de Naftal et de raffinage. En
marge de la séance des questions orales au Sénat, le ministre de l'Energie et
des Mines a estimé que les prix actuels du pétrole sur le marché international
sont satisfaisants pour les producteurs et les consommateurs, tout en espérant
que le marché ne soit pas impacté par la crise de la zone euro. Il a, par
ailleurs, tenu à assurer que le projet de gazoduc algéro-italien
« Galsi» n'est pas remis en cause.