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La Mauritanie ne décolère pas contre l'Emir du Qatar dont la visite à Noukachott avait été abrégée, le 5 janvier, à la suite d'un
échange vif avec le président mauritanien Mohamed Ould
Abdel Aziz qui n'a pas apprécié les conseils de «réformes démocratiques» qui
lui étaient prodigués par son invité.
L'Emir du Qatar a démenti? Son ambassadeur a été reçu par le président Abdel Aziz? Pourtant? Le président mauritanien, furieux, se serait levé et laissé l'Emir du Qatar seul. Après une heure d'attente, ce dernier a quitté le pays sans aucune formalité protocolaire. Ni les ministres, ni les personnalités, ni même la télévision publique mauritanienne, n'étaient présents pour le départ de l'Emir. Pourtant, à Tunis, où il est venu participer à la commémoration du premier anniversaire de la révolution, a fait part de son «étonnement» au sujet des informations faisant état de «divergences entre lui et le président Aziz». Il a tenu à préciser qu'il a bien été salué à son départ par le président mauritanien, non pas à l'aéroport mais au palais présidentiel. La partie mauritanienne est restée très peu communicative sur le sujet confortant implicitement les nouvelles sur un clash au cours de la visite de l'Emir du Qatar et d'Al Jazira, à Nouakchott. L'affaire qui est un grand sujet de discussion en Mauritanie, a permis de conforter le président Ould Abdel Aziz auprès de l'opinion. Même les opposants ont approuvé son attitude. Certains en Mauritanie parlent même d'un Emir du Qatar «renvoyé» du pays pour son attitude suffisante. L'ambassade du Qatar à Nouakchott a tenté de calmer les choses en insistant sur les «relations de fraternité et de coopération» entre les deux pays. Pourtant, alors que les choses semblaient «apaisées», les autorités mauritaniennes viennent de décider de fermer un centre de promotion sociale dans l'est de la Mauritanie, relevant de la «Fondation Qatar-Mauritanie pour le développement social» que préside et finance Cheikha Mouza Ben Nasser Al Massnad, épouse de l'Emir du Qatar. Le récit que fait le correspondant du site marocain Lakome.com de la manière dont le centre a été fermé, montre clairement qu'il s'agit d'une mesure de rétorsion. Un professeur de mathématiques, dans ce centre, rapporte que le gouverneur de la ville a convoqué le directeur et l'a informé qu'une décision de fermeture a été prise à Nouakchott. Il ne lui a donné aucune explication. «C'EST SERIEUX OU C'EST UNE PROMESSE DE HAMAD ?» Les courants politiques mauritaniens, même ceux qui sont fermement opposés au président Aziz, sont unanimes pour rejeter l'immixtion du Qatar dans les affaires internes. Pour les partis nationalistes et de gauche, rassemblés au sein du «Front de soutien à la résistance», la «souveraineté et la liberté de la décision de la Mauritanie ne peuvent faire l'objet d'aucun marchandage financier ou économique». L'ambassadeur du Qatar a multiplié les efforts en direction des politiques et des journalistes mauritaniens. Avec une incidence faible puisque le centre de Cheikha Mouza a été fermé, dans un contexte marqué par des commentaires peu amènes à l'égard des activités du Qatar. D'autant qu'en faisant les comptes, beaucoup relèvent que le richissime Qatar n'a financé aucun projet sérieux et que la seule activité notable a été la création d'une succursale de la Banque du Qatar. Les promesses d'investissement non tenues de l'Emir de Hamad Ben Khalifa se sont d'ailleurs transformées en source de moqueries chez les Mauritaniens. Ainsi, quand ils se donnent rendez-vous, les Mauritaniens tiennent à poser la question : «C'est un rendez-vous sérieux ou c'est une promesse de Hamad !». |
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