Le tangage des prix des fruits et légumes, proposés depuis l'entame de
cette année, dans les marchés essaimés à travers la wilaya d'Oran, met à rude
épreuve les consommateurs. La pomme de terre, qui constituait dans un passé
encore récent l'essentiel du plat du pauvre, n'est plus malheureusement à la
portée des petites bourses. Proposée à partir de 60 dinars le kilo, elle est
devenue un légume de luxe que la ménagère de famille modeste hésite
généralement à introduire parmi les dépenses. «Le prix proposé aujourd'hui pour
un kilo de pomme de terre additionné à celui d'un kilo de tomate flirte
aisément avec les 200 dinars. Pour moi, c'est un véritable sacrifice, car je
pouvais acheter pour le même prix, quelques mois auparavant, plusieurs autres
produits alimentaires en plus», a commenté une ménagère. Cette énième hausse
des prix, qui va crescendo, enregistrée dès le début de l'année en cours dans
les différents souks de la wilaya, est vivement dénoncée par le consommateur, smicard
en particulier. «Je ne peux plus subvenir convenablement aux besoins de ma
famille sans m'endetter chaque mois. C'est inconcevable pour un salarié de
constater que les haricots verts sont proposés à 300 dinars le kilo et le
poivron à partir de 200 dinars», s'est insurgé un quinquagénaire, habitué de la
rue des Aurès. Toujours est-il, malheureusement, que presque tous les autres
fruits et légumes sont touchés de plein fouet par cette augmentation des prix
aberrante. Les navets, la carotte et les oignons sont proposés chacun à 50
dinars le kilo et la salade verte à partir de 100 dinars. Les artichauts et les
petits pois sont, quant à eux, proposés à 140 et 150 DA le kilo. Notons que
déjà à la veille de la célébration des fêtes du nouvel an, les marchands de
fruits et légumes ont, subitement, annoncé la couleur à travers une augmentation
des prix de leurs produits, qui a donné le tournis aux ménagères. Proposée à la
vente, quelques semaines avant la fin de l'année écoulée, entre 90 et 100
dinars le kilo, la tomate a pris son envol pour atterrir sur les marchés à
partir de 120 dinars. «La saignée ne semble plus avoir de limite», s'indigne un
père de famille, avant de renchérir : «Le pire est que les spéculateurs
n'hésitent pas à nous donner le coup de grâce en augmentant, en parallèle, les
prix des produits à large consommation». Mais la valse des prix pratiqués dans
les marchés de la ville ne semble plus surprendre personne. «Personnellement, rien
ne m'étonne plus lorsque je fais mes courses et lorsque qu'un revendeur à la
sauvette propose la sardine à 350 ou 400 dinars le kilo, cela ne donne plus
envie de rire», a ironisé un habitué de la rue des Aurès (ex-la Bastille».