Le tribunal criminel d'Oran s'est penché hier sur une affaire de trafic
de drogue. 180 kilos de kif, telle fut la prise opérée par la douane, en
octobre 2010, à Sidi Bel-Abbès. Un peu plus de deux
ans donc, ce dossier était prêt à être jugé, après avoir été longuement instruit
par le pôle spécialisé. Au banc des accusés, trois hommes : K. B., Z.M. et B.A.,
comparaissant pour «trafic de drogue par organisation criminelle», plus le
délit de faux et usage de faux pour le premier accusé. Si le sort de celui-ci
était déjà connu, du fait qu'il a, hier encore, reconnu les faits qui lui
étaient reprochés, ce n'était pas le cas des deux autres prévenus, lesquels ont
constamment affirmé n'avoir aucun lien avec cette affaire. Leur cas était, en
tout cas, défendable. Mais encore fallait-il trouver des arguments solides pour
annihiler les éléments d'accusation et convaincre juges et jurés. Maître Belhadri Houari a su trouver les arguments massues et les
bons mots aussi. Son client B.A. sera finalement innocenté.
Retour sur les faits. Ce jour du 21 octobre 2010, la douane, agissant
sans doute sur la base d'informations fiables, avait planté, tôt, son barrage, à
mi-chemin entre le chef-lieu de Sidi Bel-Abbès et la
commune de Benbadis. 4 heures, la cible pointe : un
camion de marque Saviem. Le conducteur est prié de
serrer à droite. Il obtempère. Les douaniers passent au peigne fin le véhicule.
Une cachette est découverte au fond de l'amas de caisses vides. Mais, soudain, le
camion démarre et fonce à pleine vitesse. Les douaniers ouvrent le feu en
direction du véhicule. Après une course-poursuite, le camion, un des pneus
crevé par balle, s'immobilise. Il sera retrouvé à 15 kilomètres, abandonné
par ses deux passagers, qui ont pu s'enfuir. Une quantité de résine de canabis, d'une pesée totale de 180 kilos, est saisie. La
photo d'identité apposée sur le permis de conduire, un des faux papiers avec
lesquels le Saviem circulait, servira de fil d'Ariane
pour les enquêteurs. K.B., l'homme sur la photo, sera cueilli quelques jours
plus tard à Aïn El-Beïda (Oran).
Il déballe tout. Mais dans la foulée de ses aveux parsemés de contradictions, Z.M.et B.A. seront cités. Aucun
élément (sérieux) à charge contre eux, sinon que la
présence de leurs numéros sur le portable de l'accusé principal. Un élément
trop peu insuffisant, extrêmement léger, mais qui a valu quand même une
inculpation et une mise en détention provisoire de plus de deux années, pour
ces deux individus, dont le seul lien avec cette affaire est le voisinage domicilial avec le mis en cause K.B. Le propriétaire du Saviem, un mécanicien qui se procurait des véhicules de la
casse aux enchères pour les revendre à des clients, lui aussi avait été
poursuivi à tort, avant d'être disculpé en cours de procédure à la faveur d'un
non-lieu. Le représentant du ministère public a requis la réclusion criminelle
à perpétuité contre K.B. et 15 ans de prison contre les deux autres. A l'issue
des délibérations, K.B a été condamné à 20 ans de réclusion. Z. Mohamed et B. Adda,
quant à eux, ont été acquittés.