Déjà annoncé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia,
la situation du médicament en Algérie devra connaître un «mieux» par rapport à
l'année dernière avec le nouveau statut des pharmacies centrales des hôpitaux, qui
devra être officialisé prochainement. M. Ouyahia a
affirmé, au cours de la première semaine de janvier, que les problèmes que
connaissait la Pharmacie
centrale des hôpitaux (PCH) dans l'importation de médicaments ont été réglés et
que leur disponibilité sur le marché «sera meilleure» en 2012. Ainsi, le
nouveau statut en question définira plus clairement le rôle de ces structures à
propos de la fourniture et de la distribution des médicaments pour les établissements
de santé publique.
Le Premier ministre est revenu sur le dossier des médicaments géré en 2011,
en affirmant que la délivrance des autorisations d'importation de médicaments, principale
raison des ruptures de stocks, a connu «quelques retards». Il a aussi relevé
l'existence d'un problème de «surfacturation», entre autres, qui était derrière
«un rythme non accéléré» de la délivrance de ces autorisations. Une manière
comme une autre d'enterrer la hache de guerre avec le premier responsable du secteur,
le ministre de la Santé,
Djamel Ould Abbès. Et à
propos de la surfacturation des médicaments importés, ce dernier, tout en la
considérant comme hors la loi, indiquera qu'elle devrait atteindre 150 millions
de dollars en 2012. La surfacturation des médicaments sera qualifiée par le
ministre de «transfert illégal de devises». Pour les officiels, la crise du médicament, qui
a laminé le corps malade des Algériens en 2011, est bel et bien révolue alors
que le nouveau statut devra doter les pharmacies centrales d'un outil juridique
après les ruptures constatées en raison de l'incapacité de ces structures de
s'acquitter de leurs créances, estimées à 30 milliards de DA, aux niveaux
national et international. Une situation qui a nécessité l'intervention de
l'Etat, qui a consacré 3,9 milliards de DA pour l'achat des produits en pré-rupture ou en rupture de stock. A cet effet, M. Ouyahia avait déploré le silence qui a entouré ces créances
puisque, selon lui, « pendant des années, la PCH était confrontée à un problème financier qui
n'a pas été porté à la connaissance des autorités ». La PCH a cumulé 19 milliards de
DA de dette en raison de l'achat de médicaments livrés aux hôpitaux et non
payés, et 9 milliards de DA de dette auprès de la banque, a-t-il encore expliqué.
Rappelons que plusieurs établissements de santé publique ont enregistré des
ruptures de stocks de sérum, de médicaments essentiels et de matériel médical
nécessaire suite au refus des opérateurs d'approvisionner les pharmacies
centrales en raison des dettes, d'une part, et le non-recouvrement
des créances au niveau des établissements publics de santé, d'autre part. Ce
nouveau statut permettra, dans le but évident d'éviter les ruptures de stocks, la
passation de marchés en procédure de gré à gré simple entre les PCH et les
établissements de santé alors que le CPA et la BNA ont été chargés de ces créances par le
ministère des Finances tout en finançant les approvisionnements des
établissements de santé et de constituer les stocks stratégiques de produits
pharmaceutiques pour 6 mois, à hauteur de 9 milliards de DA. Les banques
devront assurer, en toute circonstance, la disponibilité de crédits à la
pharmacie centrale pour l'acquisition des produits pharmaceutiques. Par
ailleurs, 50% de la dotation budgétaire du secteur de la santé sont consacrés
au règlement des livraisons de produits pharmaceutiques de la pharmacie
centrale aux établissements de santé pour les plans nationaux de santé. Les 50%
restants sont dispatchés entre les établissements de santé pour le financement
de leurs besoins complémentaires en produits pharmaceutiques auprès
d'opérateurs publics et privés. La conjugaison des déclarations du Premier
ministre qui affirme que « la question d'argent ne se pose plus pour la PCH, ni celle de la délivrance
d'autorisations d'importation » avec les assurances du ministre de la Santé qui déclare qu'« il
n'y aura pas de pénurie de médicaments en 2012 et que le problème des
médicaments a été définitivement résolu », augurent d'une année loin des
tourments de celle d'avant même si les représentants du Syndicat national des
professeurs et docents en sciences médicales (SNPDSM)
affirment «maintenir la revendication d'une commission d'enquête sur la gestion
du médicament et l'installation urgente de l'Agence nationale du médicament ».