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Comme à son habitude, le SG du RND, M. Ahmed Ouyahia,
a étalé au grand jour sa faconde et son sens de la
rhétorique, quand il s'agit des affaires de la nation. Troquant la casquette de
chef de l'exécutif pour celle de patron du Rassemblement national démocratique,
il a parlé, sur un peu plus de trois heures, de sujets sensibles pour son parti,
qu'il a placé comme un des défenseurs de l'intégrité nationale et pilier du
protectionnisme économique.
Sur le plan diplomatique, le patron du RND n'a pas été très tendre envers la Turquie, qu'il a accusé de se servir du sang des martyrs algériens pour régler ses comptes avec la France. «Nous disons à nos amis (turcs) de cesser de faire de la colonisation de l'Algérie un fonds de commerce», a-t-il dit. Pour lui, «personne n'a le droit de faire du sang des Algériens un fonds de commerce», en réponse à une question sur les déclarations d'officiels turcs sur les crimes commis par la France durant la colonisation de l'Algérie. Non sans sous-entendus, il a rappelé que la Turquie, membre de l'OTAN, avait voté contre la question algérienne de 1954 à 1962". «La Turquie, qui était membre de l'OTAN pendant la guerre d'Algérie et qui l'est encore, avait participé, de par sa qualité de membre de cette Alliance, à fournir des moyens militaires à la France, dans sa guerre en Algérie, au moins par l'achat d'une bombe larguée en Algérie ou d'une balle tirée contre des Algériens», a encore souligné M. Ouyahia. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait accusé, en décembre, la France d'avoir perpétré un génocide en Algérie. En réaction au vote en France d'un texte de loi réprimant la négation du génocide arménien, M. Erdogan avait accusé Nicolas Sarkozy de jouer sur «la haine du musulman et du Turc», et la France d'avoir commis un génocide en Algérie lors du processus d'indépendance (de 1945 à 1962). Erdogan était allé encore plus loin en soutenant que le père du président français avait servi en Algérie en tant que légionnaire. Quant à la loi criminalisant la colonisation française en Algérie et réclamée par plusieurs partis, il l'a qualifiée «de carte politique, pas plus». Une telle demande peut être assimilée à un désaveu des dirigeants algériens depuis 1962, «pour la simple raison qu'ils n'avaient pas élaboré une loi sur la criminalisation de la colonisation en Algérie», a-t-il estimé avant de faire remarquer que ?'défendre la Révolution algérienne passe par l'édification d'une Algérie forte'', prenant exemple sur la Chine, qui ne pouvait pas dans le passé imposer à la Corée ou au Japon une demande similaire. «Pourtant, aujourd'hui, tout le monde a retrouvé le chemin de la soie», a-t-il ironisé. Ainsi, il a souligné hier samedi à Alger que la non-limitation des mandats présidentiels, dans l'amendement constitutionnel de novembre 2008, répondait à une conjoncture particulière. Cela a été fait dans des circonstances exceptionnelles, selon lui. La Constitution de 1996 limitait à deux les mandats présidentiels. Le réaménagement de la Constitution en 2008 ne donne pas de limites de mandats. Mais, M. Ouyahia, qui répondait à une question si son parti était favorable à revoir le nombre de mandats présidentiels, pour le limiter à deux, n'a pas franchement répondu à la question. Le RND faisait partie des formations politiques qui avaient milité pour un 3ème mandat présidentiel pour M. Abdelaziz Bouteflika, ouvrant la voie à un réaménagement de la Constitution en 2008. Le président Bouteflika a «un capital, un passé et des atouts personnels qui ont fait de lui un refuge dans une conjoncture particulière où l'Algérie souffrait des affres du terrorisme», a-t-il précisé ajoutant que «le processus des réformes exigeait qu'il reste au pouvoir». A la question de savoir si le RND soutiendrait le président Bouteflika si ce dernier était candidat à un quatrième mandat, M. Ouyahia a répondu : «Pensez-vous qu'un quatrième mandat (du président) rendra service à l'Algérie ?», soulignant par la même que la question des mandats présidentiels ne constituait pour son parti ni un sujet «ni un fonds de commerce». EL-HADJAR NE TOMBERA PAS Concernant ses ambitions politiques, il a indiqué que l'Algérie se dirigeait vers «un véritable pluralisme» et que «ce qui importe le plus aujourd'hui ce sont les prochaines législatives. La présidentielle est encore loin», a-t-il conclu. Il est clair que M. Ouyahia, qui intervenait lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion du Conseil national du RND, se prépare activement à mener ses troupes vers les prochaines législatives qu'il compte remporter, en prélude à des objectifs de présidentiable qu'il ne compte pas dévoiler. Sur le front économique, il a notamment assuré que l'Etat algérien n'abandonnera pas les travailleurs du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, alors qu'Arcelor Mittal, propriétaire à 70% de ce complexe, traverse une période de crise financière aiguë. Mittal avait demandé, sans l'obtenir, un prêt sans garanties auprès de la Banque extérieure d'Algérie de 14 milliards de dinars pour financer de nouvelles lignes d'investissements. «Je peux dire et je le dis avec force, l'Etat algérien n'assistera pas (sans réagir) à la disparition d'El-Hadjar», a déclaré M. Ouyahia. Le SG du RND a expliqué que le dépôt de bilan, brandi comme une menace par Arcelor Mittal, pour obtenir un crédit bancaire sans garanties, ne va pas infléchir la position des autorités algériennes sur ce dossier. «Si ça continue comme ça, je dépose mon bilan. Retiens-moi sinon je tombe!», a ironisé en arabe M. Ouyahia sur les menaces d'Arcelor Mittal de fermer l'usine s'il ne décrochait pas ce prêt bancaire avec ses propres conditions. Mais la BEA a demandé des garanties pour les 9 milliards de DA, représentant le rachat de la dette du partenaire indien auprès de la Société Générale Algérie, qu'Arcelor Mitttal a refusé de fournir, toujours selon les précisions du chef du RND. «Pourquoi on donne des garanties à Société Générale et non pas à la BEA. Pourquoi je donnerai un crédit sans garanties à un étranger pour la simple raison qu'il me menace avec les six mille travailleurs algériens», a-t-il dit. Mieux, Arcelor Mittal n'a jamais été client de la BEA à laquelle il a préféré Société Générale, au temps de son aisance financière, pour contracter des crédits et transférer ses dividendes, a signalé Ouyahia, indiquant toutefois qu'Arcelor Mittal «était libre» de choisir la banque avec laquelle il entend travailler. Le SG du RND a ainsi donné un message clair aux 7.000 travailleurs du complexe que l'Etat ne va pas les abandonner, même si le partenaire indien décide de se retirer. PAS DE PENURIE DE MEDICAMENTS EN 2012 Par ailleurs, Ouyahia a laissé entendre, au cours de cette conférence de presse, qu'il n'y aura pas de problèmes de médicaments en 2012, même s'il reconnaît l'existence de quelques ?'grains de sable''. Les problèmes que connaissait la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) dans l'importation de médicaments ont été réglés et leur disponibilité sur le marché «sera meilleure» en 2012, a-t-il dit. «Je ne dirai pas que demain il n y aura plus aucun problème de médicament sur le marché, mais je rassure que ça sera mieux, parce que la question a été sérieusement prise en charge», a-t-il ajouté. Selon lui, la manière avec laquelle le dossier des médicaments avait été géré en 2011, «même si cela s'est fait, sans aucun doute, avec les meilleures intentions», a fait que la délivrance des autorisations d'importation des médicaments a connu «quelques retards». |
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