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Certains des projets de réformes proposés par le gouvernement
ne sont pas du goût du MSP, dont les élus ont voté contre, alors que ses
partenaires de l'Alliance présidentielle, le FLN et le RND, les ont entérinés. Mais
au lieu d'aller au clash avec le pouvoir qui en a été l'initiateur, la
formation islamiste s'est contentée de rompre avec ces
deux partis. Et pour bien marquer le distinguo, elle a clairement réitéré son
soutien au programme de Bouteflika et affirmé qu'il
n'y a pas d'incompatibilité entre son retrait de l'Alliance présidentielle et
le maintien de ses ministres au sein du gouvernement, donc aux côtés de
représentants du FLN et du RND. Pour Soltani et le
MSP, il ne saurait donc être question de positionnement ambigu de leur part en
cette décision.
En somme, ce que le MSP veut créditer, c'est que ce sont le FLN et le RND qui sont responsables des réformes dont les contenus ne lui agréent pas. Ce qui n'est qu'une fiction commode qui lui permet de ne pas heurter frontalement le pouvoir réel, avec lequel il tient à garder des rapports non conflictuels. Il est clair que le retrait du MSP de l'Alliance présidentielle procède du calcul électoraliste. Sa prise de distance à l'égard du FLN et du RND se veut acte signifiant de son «entrée en opposition». Car c'est en tant «qu'opposant» que le MSP entend se présenter devant l'opinion publique ; et faute de s'attaquer au pouvoir réel lui-même, c'est à ses ex-partenaires qu'il a choisi de se confronter. Sauf qu'il va être quasi mission impossible à Bouguerra Soltani et au MSP de convaincre par leur nouvelle posture consistant à se dédouaner d'avoir été responsables, au même titre que le FLN et le RND, du bilan gouvernemental, en l'imputant à ces derniers uniquement. En fait, le MSP a pris ses distances avec l'Alliance présidentielle pour avoir la latitude de revenir à ses fondamentaux islamistes en perspective des prochaines élections législatives. Il escompte que son recentrage lui vaudra le ralliement de l'électorat sensible au dogme politique prôné par le courant islamiste. La conviction est faite au MSP que c'est ce courant qui aurait le vent en poupe en Algérie, dans le sillage de la vague verte qui l'a porté au pouvoir en Tunisie, en Egypte, au Maroc et en Libye, et qu'il lui faut par conséquent émettre en sa direction le signal de sa rupture avec le pouvoir en place. Mais un signal que ce pouvoir ne doit pas interpréter comme une «déclaration de guerre». Le grand écart pour le MSP va donc consister à tirer à boulets rouges contre ses ex-partenaires de l'Alliance présidentielle, mais en préservant les tenants du pouvoir réel. Exercice qui a ses limites, et il n'est pas sûr qu'il procurera les dividendes électoraux escomptés par la formation de Soltani. Le pari fait au MSP est que le peuple, qui «n'a pas de mémoire», oubliera très vite qu'il a été dans la collaboration la plus franche avec le régime, pour ne retenir que sa reconversion en «opposant». Pari extrêmement hasardeux, tant la versatilité du MSP, ses ambiguïtés lui ont aliéné durablement la sympathie d'une frange majoritaire de l'opinion publique et provoqué l'animosité irréductible de la plupart des composantes du courant islamiste. Le courant islamiste peut faire une percée électorale à l'occasion des prochaines législatives, mais il est peu probable que se sera le MSP le bénéficiaire, même si, d'ici là, ce parti revêt le manteau d'opposant. |
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