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La crise grecque et ses évolutions continentales ont incontestablement
marqué l'année 2011. Elle marquera encore 2012. Les Européens ont vécu au
rythme d'un feuilleton financier qui, parti d'Athènes, a fait le tour des
capitales méditerranéennes de l'UE, pour atteindre le centre névralgique germano-français
de l'euro. Ceux qui espéraient que la crise des subprimes, qui avait éclaté à la fin de
l'année 2008, était dépassée et que l'économie globale repartait d'un pied plus
assuré, ont dû déchanter.
La faillite de la Grèce, décidée par les principaux Hedge Funds (fonds spéculatifs) américains ? et accessoirement anglais ?, continue d'ébranler les structures financières de la zone euro. Première victime de la stratégie baissière des Hedge Funds, Athènes a dû accepter un programme d'ajustement structurel sous supervision étrangère comme n'importe quel Etat du tiers-monde. La spéculation à la baisse sur les créances de la zone euro touche de plein fouet l'Espagne et l'Italie et contraint l'ensemble des pays européens à des cures d'austérité draconiennes. Chaque émission d'obligations d'Etat est considérée comme un test décisif de la crédibilité. Face aux attaques répétées des Hedge Funds contre la monnaie unique européenne, les dirigeants de l'UE, et à leur tête le binôme germano-français, ont tenté d'apporter des réponses circonstancielles sans réellement convaincre. Ils ont surtout donné l'impression de se soumettre au cartel financier dont l'élément d'appréciation stratégique est l'évolution des cours des désormais fameux CDS (Credit default swaps). Les Hedge Funds, puissamment épaulés par des médias spécialisés qui relaient leurs analyses, engrangent des bénéfices colossaux en anticipant et en favorisant la chute de l'euro. Plutôt que d'esquisser des solutions durables à une crise structurelle, le leadership européen a donné l'impression d'un désarroi certain et d'une fuite en avant dans une logique contradictoire. De fait, les politiques de rigueur, censées garantir le retour à des équilibres budgétaires, bloquent les possibilités de relance de l'activité et poussent les économies vers la récession. L'euro, qui fête ses dix années d'existence, vit de sombres heures dans un concert de commentaires d'experts prédisant sa disparition ou, à tout le moins, son redimensionnement. Dans ce contexte où la hausse du chômage accompagne la contraction des budgets sociaux, les dirigeants politiques européens semblent sans prise sur le réel. Et c'est hors de tout processus démocratique mais sans que personne ne s'étonne vraiment, que certaines figures de la vie politique sont remplacées par des personnalités présentées comme des technocrates apolitiques, Mario Monti en Italie, Lucas Papademos en Grèce. Apolitiques ? Pas tant que cela ! Ces technocrates sont notoirement membres de think-tanks ultralibéraux proches du courant néoconservateur américain. Ces deux anciens cadres de Goldman Sachs, banque qui a joué un rôle des plus douteux dans le déclenchement de la crise grecque, retrouvent un de leurs anciens collègues, Mario Draghi, à la tête de la BCE. Au-delà de ces très significatives promotions, l'Europe se retrouve, en ce début d'année 2012, sous tutelle de facto des marchés financiers. Cela permettra-t-il de conjurer la récession qui s'annonce et d'éviter l'éclatement de la zone euro ? Les premiers mois de l'année 2012, année du Dragon selon le calendrier chinois, seront décisifs. |