L'Algérie et le Mali, deux pays voisins partageant en commun la longue
bande sahélo-saharienne, ont réaffirmé, jeudi dernier
à Bamako, leur volonté de renforcer la lutte conjointe contre les groupes
terroristes d'Aqmi et le banditisme, qui écument cette
partie de l'Afrique.
L'annonce en elle-même n'est pas tant un événement, mais le fait
important est que le Mali se décide enfin à travailler de concert avec
l'Algérie pour sécuriser cette large bande saharienne, au-delà de tout
activisme militaire étranger à la région. La 6ème session du Comité mixte de
suivi de l'accord de coopération militaire et technique Mali-Algérie
s'est tenue à la salle de conférence du ministère malien des Anciens
combattants et de la Défense,
en présence du secrétaire général du département, le général Youssouf Bamba, de
l'ambassadeur d'Algérie au Mali, Ayadi Noureddine, et le chef de la délégation algérienne, le
général Kaddaoui Adda. L'accord en lui-même permet
aux deux pays de mieux coordonner leurs efforts de lutte contre les groupes d'Aqmi qui ont fait de cette partie de l'Afrique une base
pour leurs actions terroristes et ainsi perpétuer l'insécurité dans cette
région. ?'Face aux défis de tous ordres, l'Algérie et le Mali sont résolument
engagés dans la lutte pour le progrès, le bien-être et la prospérité de leurs
peuples. C'est pourquoi, la tenue de cette session revêt pour nous une
importance toute particulière'', a indiqué le général Youssouf Bamba, cité par
le quotidien gouvernemental ?'Le Républicain''. 'Aujourd'hui, compte tenu de la
multiplicité des crises internes, du banditisme, du trafic de drogue, de
l'apparition de nouvelles formes de menaces et du terrorisme transnational, la
bande sahélo-saharienne se présente comme une région
géostratégique sensible et instable. En conséquence, nous devons plus que
jamais nous attaquer à la problématique sécuritaire dans cette région et ses
effets collatéraux sur le développement socio-économique et la circulation des
personnes et de leurs biens dans nos pays'', a encore souligné le général
Youssouf Bamba. Les conditions de cette coopération militaire contre Aqmi restent encore à définir et les moyens à déterminer, a
reconnu la partie malienne, qui a, cependant, reconnu la profondeur de cet
accord en ce qu'il permet surtout au Mali de bénéficier de l'aide logistique et
des moyens militaires de l'Algérie dans cette lutte contre les groupes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Selon un officier malien, Bamako
souhaite fortement bénéficier des moyens militaires et des experts algériens en
matière de lutte antiterroriste. ?'Pour une lutte efficace, il faut une
descente commune sur le terrain. Nous attendons maintenant de pouvoir
coordonner les choses avec nos partenaires'', a précisé cet officier supérieur
malien. Sur le terrain pourtant, les choses vont beaucoup plus vite, puisque, selon
des sources maliennes, des militaires algériens, des instructeurs selon
certaines sources, sont sur place, dans la région de Kidal. Leur mission serait
d'aider et former l'armée malienne à combattre les groupes terroristes d'Aqmi dans la région. L'accélération de la lutte contre le
terrorisme et la sécurisation de la bande sahélo-saharienne
est une réponse logique à la multiplication des actes de terrorisme dans la
région où une douzaine d'otages européens sont détenus par au moins deux
groupes d'Aqmi, dont un nouveau qui a réussi à
enlever trois humanitaires d'un camp sahraoui, près de Tindouf. La menace est
réelle, et l'accord permet, pour ainsi dire, à l'Algérie d'aider le Mali dans
la traque des terroristes, mais surtout de sécuriser ses frontières sud et les
protéger à partir du nord Mali. Des accords militaires similaires devraient
être effectués avec le Niger et la Mauritanie, dans un effort régional commun, notamment
au sein du Cemoc (Comité d'état-major opérationnel conjoint-Algérie, Mali, Niger et Mauritanie), pour
renforcer la lutte contre le terrorisme et le banditisme qui sévissent dans
cette région. La semaine dernière, les ministres de la Défense des ?'5+5''
s'étaient réunis à Nouakchott pour coordonner les actions militaires de lutte
contre le terrorisme dans la région méditerranéenne. Quelques jours après, un
poste de gendarmerie au sud de Nouakchott est attaqué par un groupe terroriste,
un acte qui confirme que cette région est appelée à devenir une zone de
tensions et d'insécurité si rien n'est fait, et, surtout, si les efforts
conjoints ne sont pas déployés par tous ceux concernés par la lutte contre Aqmi. En février prochain, une réunion regroupera plusieurs
pays du Sahel sur ce sujet, alors qu'Alger et Nouakchott devraient, au début de
l'année, signer un mémorandum portant coopération pour la lutte contre
terrorisme.