Ta voix si chaude, si douce qui exhale comme un exquis parfum.
Elle a porté ma jeunesse, elle porte le soleil, les étoiles, toute la lumière
du monde. Elle porte des vagues qui cognent et recognent
dans mes oreilles et éveillent en moi une si irrésistible envie de t'étreindre
dans mon cœur. Ô toi première femme de ma vie. Oui je l'ai toujours en moi ton
visage, je vois tous les jours à travers ton regard, les stigmates de la
souffrance et les rides creusées par le travail. Les nuits sans sommeil où, sur
le balcon tu attendais que je sois là. Et ton visage buriné par le temps
prenait une splendeur que seule la beauté de l'amour peut donner. « C'est
maintenant que tu arrives ? Tu sais très bien que je ne dors pas tant que tu n'es
pas rentré. ». Sur la pointe des pieds, je me dirigeais vers la cuisine pour
digérer ma soirée et avaler tes remontrances ponctuées du sourire bruyant que
je sentais vibrer sur ma nuque. Tu es la première femme que j'ai aimée. Toi qui
te réveillais avant tous, pour t'assurer que je ne serais pas en retard. « Noud
noud, me chuchotais-tu, posant tes mais sur mon
visage. Tes mains, ces mains qui ont passé leur vie à servir, à bercer, à
caresser, à essuyer les larmes. Ces mains marquées par le travail sont d'une
beauté extraordinaire. Toi la première femme que j'ai aimée. J'écartais mes
paupières et je voyais ton sourire. Tu resplendissais d'amour, de paix et de
bonté... Ces matins-là.
Par delà la vie, ta beauté resplendit dans mon cœur ... Toi
la première femme que j'ai aimée. Ton amour infini, inconditionnel continue à
vivre en moi, à me rendre meilleur chaque jour... C'est grâce à toi que j'ai pu
vivre loin de toi. Quant à mes mots coléreux, pour un rien, malheureux, ils me
dépitaient. Chaque fois, je les regrettais et, sans te le dire, je quêtais ton
pardon. Chaque fois tu me le donnais. Aujourd'hui, c'est moi qui te demande
pardon pour tout, à toi, la première femme que j'ai aimée. La première femme de
ma vie. Ma mère.