
Quelque 400 jeunes avocats frais émoulus ont rejoint officiellement le
barreau d'Oran. La cérémonie solennelle de remise des diplômes de fin de stage,
lequel s'était étalé sur neuf mois, a eu pour cadre la grande salle de
conférences de l'hôtel Sheraton, jeudi. Avec cette nouvelle fournée de robes
noires, l'effectif de ce barreau dépasse désormais les 4.000 membres inscrits
au tableau de l'Ordre. La promotion la plus consistante dans l'histoire de ce
barreau porte le nom de maître Alphonse Auguste Thuveny,
ancien avocat du barreau d'Oran, lâchement assassiné le 28 novembre 1958 à
Rabat (Maroc) par les forces criminelles coloniales. Cet éminent avocat, dont
le square abritant le Palais de justice d'Oran porte le nom, est une figure du
collectif d'avocats ayant assuré au péril de leur vie la défense d'un nombre du
groupe dit des 47 militants de l'Organisation spéciale (OS) dont le procès se
déroula les 12 et 13 février 1951 à Oran.
Plusieurs personnalités de la
famille judiciaire locale, mais également de l'étranger, ont pris part à cet
évènement, parmi eux, les chefs de cour d'Oran, des magistrats, des bâtonniers
de certains barreaux algériens et de pays étrangers. Cérémonie au cours de
laquelle un hommage a été rendu à la doyenne des avocates de la région Ouest du
pays, Me Tilikète Kandil Malika, dont la prestation de serment remonte à septembre 1967.
Celle-ci était d'ailleurs présente parmi les invités d'honneur. Toutefois, la
cérémonie n'aura pas été exempte de fausses notes. En effet, un nombre de
griefs est à relever sur le plan organisation. Ce qu'ont reproché la plupart
des invités à cet évènement cérémonial sur le plan programme : il n'y en avait
pas. Il est vrai que rien n'obligeait les toges noires à se confiner dans le
protocolaire, le formalisme strict, d'autant qu'il s'agissait d'un rendez-vous
qui avait sa part de festif, de réjouissance, mais, néanmoins, l'observation
d'un programme approprié avec l'ordre du jour devait s'imposer. Or, il n'en a
pas été le cas, avec des conférences exagérément longues, des thèmes sans
commune mesure avec une cérémonie de sortie d'une promotion d'avocats. D'aucuns
estiment qu'une conférence sur la déontologie de la profession d'avocat ou sur
la biographie et le militantisme de feu Me Alphonse Auguste Thuveny,
dont cette promotion porte le nom, auraient été plus judicieuses et surtout
plus utiles. Aussi, les longs entractes et les allocutions improvisées ont fait
que la séance de remise des diplômes a été repoussée à une heure très tardive.
L'essentiel est que, désormais, ces
jeunes gens de la noble profession d'avocat devront plaider pour faire valoir
les intérêts de leurs clients et plus généralement pour les représenter. Ils
devront également s'acquitter d'une fonction de conseil et de rédacteur d'actes,
en ayant à l'esprit «qu'être un bon avocat consiste à gagner de mauvais procès.»
(Honoré de Balzac).