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Ils ont moins de
trente ans, ils sont diplômés dans des disciplines des technologies de
l'information. Ils vivent en Algérie et ne pensent pas à la quitter. Pourtant,
chaque jour, ils quittent virtuellement le pays pour aller travailler
outre-Atlantique à partir de leurs ordinateurs. Tarik,
le patron d'Acigna, illustre cette montée de l'offshoring qui permet de contourner les difficultés de
l'entreprenariat domestique. Portrait.
Tarik Zakaria Benmerar, 25 ans, est inscrit en doctorat LMD d'informatique à l'Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene (USTHB) où il s'occupe d'un club scientifique qu'il a fondé. Il comptabilise déjà plusieurs années d'expérience professionnelle en travaillant avec des entreprises étrangères. Devant les contraintes à la création d'entreprises en Algérie, Tarik n'a pas voulu attendre éternellement. A défaut de partir, il a, simplement, créé son entreprise? aux USA. Il est payé en dollars et paye ses taxes aux Etats-Unis. Le tout à partir d'Alger. Tarik a choisi une méthode moderne pour s'incruster dans le monde du travail. Son profil et son CV sont publiés sur le réseau social professionnel «Linkedin» où ils sont accessibles à des milliers d'entreprises et autres chercheurs de têtes. «Tout le monde fait ça aujourd'hui», dit-il le plus naturellement du monde à propos de la création d'entreprises à partir de son ordinateur. Son entreprise baptisée «Acigna Inc», ce qui en tamazight veut dire nuage ou cloud, en relation avec le «cloud computing», un concept qui consiste à placer sur des serveurs distants les traitements informatiques d'une entreprise. Pour créer son entreprise aux USA, Tarik a dû dépenser 525 dollars, en plus des taxes annuelles dont il doit s'acquitter en tant qu'opérateur économique. «Acigna Inc» ne dispose pas de son numéro d'identification d'employeur (EIN) qui est également connu comme le numéro d'identification fiscale fédéral, nécessaire pour identifier une entité commerciale naissante. Mais le patron d'Acigna se dit «confiant» pour l'obtention de l'EIN. Moins de commandes en ce moment Pour créer son entreprise il est passé «comme beaucoup de personnes» par des agences spécialisées comme «freelancer.com» ou «odesk.com» qui aident dans les procédures de création de l'entité économique et à trouver des marchés. «Après il suffit de chercher des jobpost où les employeurs permettent le travail à distance», explique notre interlocuteur. En lançant «Acigna», Tarik peut faire de la sous-traitance informatique pour des clients basés aux USA sur des projets bien précis. «Je travaille pour eux à partir d'Algérie. En ce moment, je bosse pour une entreprise de VoiP, «Intelechoice.us», qui a un site Web basé sur les technologies Python/Django, framework de développement open-source. Mon boulot, depuis plus d'une année, consiste à corriger les bugs, arranger le code source et autres aménagements de sécurité», précise-t-il. Pour ce job Tarik gagne environ 600 DA de l'heure, et veut «négocier une augmentation». «A une époque je me faisais jusqu'à 40.000 DA par mois, mais en ce moment il y a moins de commandes. Je reste confiant. Avec un peu de persévérance, je pourrais faire remonter la cadence à nouveau, et augmenter les revenus également». Pour le moment, il se contente de travailler «6 heures par semaine». «En réalité ce n'est pas très dur. Mais je dois quand même faire attention. Si des bugs persistent et si je ne suis pas présent quand il le faut, ça peut me causer préjudice pour plus tard. J'ai une réputation à défendre».! Pour percevoir ses revenus, Tarik passe par des moyens détournés «pour ne pas perdre au change». «Si je passe par une banque algérienne, je ne peux récupérer mon argent qu'au taux officiel (environs 1 dollars US pour 75 DA), alors que je peux les échanger au marché parallèle à un taux bien plus avantageux. Mais de toute façon je suis très bien payé par rapport au boulots que je peux trouver ici en Algérie», dit-il. Projet non retenu dans les startup week end Qu'est-ce qui a empêché Tarik de créer son entreprise en Algérie ? «Mon projet de services informatiques en offshore n'a pas été retenu au dernier Startup Weekend qui a été organisé, en novembre, à l'Ecole normale supérieure d'informatique (ESI) d'Alger. Je voulais que mon projet aboutisse à travers ce canal. Car, en réalité, j'ai des appréhensions concernant la création de ma propre entreprise. Des craintes par rapport aux impôts et autres démarches administratives et bancaires. C'est pour cela que j'ai choisi d'essayer de passer par cet incubateur dont le principe est de faciliter la tâche aux jeunes entrepreneurs au démarrage de leurs projets &ra! quo;. En parallèle à ses activités rémunérées, Tarik est «cofondateur du club "openmindstuds.com" où il fait la promotion des logiciels open source en Algérie». «Nous organisons, pour le grand public, ce qu'on appelle les "Linux Install Party", pour faire découvrir à ceux qui veulent le système d'exploitation Linux et d'autres logiciels libres dans tous les domaines», explique-t-il. |
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