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Match de tous les excès, le choc Real Madrid-Barça
a dépassé toutes les prévisions. Opposant les deux plus riches clubs de la
planète, les meilleurs joueurs du monde, les deux plus grands entraîneurs de la
planète selon la presse spécialisée, ce match ne peut que provoquer un
engouement sans précédent à travers toute la planète. Selon la presse
internationale de ce samedi, près d'un milliard de personnes aurait suivi ce
classico. Des jours avant la rencontre, la presse internationale, spécialisée
et généraliste, a consacré énormément d'espace à l'évènement, transformé en
véritable enjeu économique et financier pour les chaînes de télévision au
niveau mondial. Conséquence immédiate: la vie s'est carrément arrêtée en
Espagne durant la rencontre où ce duel a des relents renvoyant à l'histoire de
ce pays. Ailleurs, dans toutes les villes d'Europe, les populations ont tenu à
suivre cette rencontre, des fois à travers des écrans géants installés sur les
places publiques. En Amérique Latine où le football dispute à la religion sa
première place dans la vie des petites gens, on a noté le même intérêt, sinon
plus. Des millions de personnes ont consenti des sacrifices pour voir cette
partie. Et pour cause, toute une armada de joueurs de ce continent s'y trouvent acteurs dans ce duel.
Dans le monde arabe, chasse gardée de la chaîne El Jazeera, l'une des télés qui a pu acquérir les droits de transmission, des centaines de milliers de personnes ont pu accéder à ce qui s'est apparenté à un privilège. On dira autant du continent asiatique. Pris dans cette vague, les Algériens, eux aussi acquis à la culture du foot, se sont débrouillés de différentes manières pour voir ce match. Sans le froid et l'horaire tardif, l'évènement aurait pris une autre dimension. Mais ces facteurs n'ont pas empêché certains cafetiers d'exploiter l'opportunité en offrant leurs salles aux inconditionnels du clasico. Et ils étaient nombreux qui ont consenti à débourser jusqu'à 200 DA pour pouvoir voir le match opposant le Real Madrid à Barcelone dans une ambiance digne de ce choc de titans. A Oran, par exemple, plusieurs cafés, surtout ceux se trouvant dans les quartiers périphériques, les gérants ont dérogé à l'heure habituelle de fermeture pour satisfaire la demande de leur clientèle habituelle. Certains, en concédant une rétrocession de la cagnotte ramassée aux serveurs pour pouvoir les retenir à accomplir deux heures supplémentaires. Au fait, chacun a géré à sa manière l'évènement. A l'est d'Oran, un café fréquenté presque exclusivement par les mordus du foot n'a pas pris cher: «juste» 100 DA en échange d'une boisson gazeuse ou un café. Un autre, dont la clientèle est plus éclectique parce qu'elle est en provenance de divers points de la ville, n'a pas lésiné sur le prix puisqu'il a exigé le double. Son argument est la dimension du poste téléviseur accroché au mur. Un troisième, pour des raisons de marketing, pour pouvoir fidéliser une clientèle lui faisant défaut, a «offert» le match gratuitement. Il fallait juste régler le montant de la consommation. Un autre établissement, pourtant réputé pour son horaire très tardif de baisser ses rideaux, a carrément décidé de ne pas projeter cette partie. Pour éviter les débordements, nous confie-t-il. Pourtant, ce sont les Espagnols chargés de la réalisation d'un projet à Oran qui ont fait le bonheur et la réputation de ce café. En ville, un restaurant, lieu de rencontre de la communauté espagnole, n'a pas raté l'occasion pour réaliser un chiffre d'affaire. Donc, les divers lieux de convivialité, chacun en fonction de son standing, ont abrité ce moment tant attendu par les amoureux du beau football. Remarquons que le match opposant l'équipe de Chlef au MCO, qui a eu lieu deux heures auparavant, n'a pas suscité autant d'engouement. Pourtant, le club local s'enfonce dans le bas du tableau et a vraiment besoin du soutien de ses fans. Mais comme les lieux publics sont ceux de la permissivité sur le plan langagier et comme le foot est devenu une passion partagée entre le jeune enfant et son pater, certains, ne pouvant pas se permettre de se priver du spectacle qu'offre ce clasico, ont transformé leur salon en salle de spectacle. C'est le cas de Youssef et son fils Yacine, portés tous les deux sur le sport et particulièrement le ballon rond. Le premier a invité quelques voisins de son immeuble et le second ses copains de quartier. Parmi ces derniers, certains se revendiquent fans de Messi et ses coéquipiers et d'autres accordent leur préférence aux stars « gallagtiques ». Heureusement que le thé, les gâteaux traditionnels et les cacahouètes ont apaisé l'atmosphère. Au lieu de prendre une forme orale, la rivalité entre les deux groupes s'est limitée à l'exhibition des maillots des joueurs « vénérés ». Mais le jeune Achraf n'a pas su dissimuler sa déception. Mais l'occasion a permis à certains adultes qui ont partagé ce moment avec leur cadet de mesurer toute l'étendue de la culture footballistique de leurs enfants. Ce qui doit les inciter à réfléchir?. Le cas de ce foyer n'est pas isolé. L'occasion a été mise à profit par plusieurs familles pour se retrouver entre parents ou amis ou tout simplement voisins. A la fin de la partie, en bas des immeubles d'une cité, des jeunes adultes, dont des chefs de famille, ont continué pendant un moment les commentaires de la partie. Comme quoi, le foot, même quand il est «importé», participe à cimenter des formes de sociabilité entrefilochée à longueur de journée, des fois pour des futilités. En attendant le retour de ceux qui ont fait le déplacement jusqu'à la capitale ibérique pour assister à ce classico, les Algériens, chacun en fonction de ses moyens, n'ont pas manqué cette rencontre, précédée par un tapage médiatique à la mesure de l'aura de ses animateurs. Une manière de se revendiquer de ce monde?. |
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