Le Comité international olympique (CIO) n'a pas réellement sanctionné
jeudi ses deux membres Issa Hayatou et Lamine Diack, reconnus pourtant coupables de conflits d'intérêts, leur
adressant respectivement un blâme et un avertissement qui ne les empêchent pas
de siéger en son sein. Des deux, Hayatou, président
camerounais de la
Confédération africaine de football (CAF), est le plus
«durement» puni avec un blâme qui, dans l'esprit du CIO, a valeur de «sanction».
«Un avertissement n'est pas une sanction, un blâme est une sanction», a précisé
le président du CIO, Jacques Rogge, comparant les
deux décisions à «un carton jaune et un carton rouge».
Dans leurs conséquences, rien
pourtant ne différencie les deux sentences prononcées par la commission
exécutive du CIO, sur recommandation de sa commission d'éthique. Elle avait été
mandatée il y a près d'un an pour enquêter sur les membres du CIO accusés par la BBC, dans son émission
Panorama, d'avoir perçu des pots-de vin de la société
de marketing ISL, disparue dans une faillite en 2001. Le «blâmé» et l'»averti»
conservent en effet leur place au sein de l'institution olympique. Rien, non
plus, ne différenciait fondamentalement les faits qui leur étaient reprochés, et
qu'ils ont reconnus devant la commission d'éthique. Lamine Diack,
président de la fédération internationale d'athlétisme (IAAF), a avoué avoir
perçu en trois versements en liquide en 1993 une somme de 52.880 francs suisses
(environ 43.000 euros d'aujourd'hui) versés par un ami, dirigeant d'ISL, afin d'aider à la reconstruction de sa maison brûlée
dans un incendie. A l'époque, Diack, seulement vice-président
de l'IAAF et pas encore membre du CIO, s'est placé
dans une «situation de conflit d'intérêt» en acceptant de l'argent d'un
partenaire commercial de l'IAAF, a conclu l'enquête. Hayatou a pour sa part reconnu avoir perçu personnellement 100.000
francs français (15.244 euros) en liquide d'ISL pour
financer les festivités du 40e anniversaire de la CAF, en 1995. La commission
d'éthique a estimé qu'accepter ce don, dont rien n'est prouvé qu'il avait été versé dans les caisses de la CAF, constituait un conflit
d'intérêt.