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Accord d'association Algérie - Union européenne: Un 7ème round ardu sur le démantèlement tarifaire en janvier

par Salem Ferdi

Le septième round des négociations entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) sur le report du démantèlement tarifaire prévu par leur accord d'association se tiendra en janvier à Bruxelles. Prudent, le ministre algérien du Commerce, M. Mustapha Benbada, dit «espérer» que ce nouveau round de négociations «permettra de trouver un terrain d'entente».

La formule prudente est de mise car les précédents «rounds» n'ont pas été de tout repos. En décembre 2010, l'Algérie avait officiellement demandé à l'Union européenne un report de l'échéance de l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange à 2020 au lieu de 2017, tel que prévu par l'accord d'association avec l'Europe qui est entré en vigueur le 1er septembre 2005. Il s'agit, avait affirmé à l'occasion le ministre algérien du Commerce, de donner plus de temps aux entreprises algériennes pour se préparer. L'objectif de l'Algérie est de décaler les différentes phases du démantèlement prévues pour 2012, 2015 et 2017 qui passent à 2015, 2017 et 2020. Mais demander un report passe par des négociations qui s'avèrent ardues. En juillet dernier, le sixième round s'est terminé sur un désaccord sur le volet industriel. Un septième round était prévu pour le mois de septembre mais il n'aura finalement lieu qu'en janvier pour essayer de concilier les positions très divergentes sur la liste des produits industriels à exclure du démantèlement tarifaire et sur l'accompagnement économique demandé par l'Algérie à l'UE.

L'Algérie veut protéger certaines filières du démantèlement tarifaire. Il s'agit notamment de la sidérurgie, du textile, de l'électronique et des produits de l'industrie de l'automobile. La question de la révision du calendrier du démantèlement tarifaire sera également abordée au prochain Conseil d'association Algérie-UE, prévu le 16 décembre 2011. «Il y aura une réunion du comité d'association qui va évaluer évidemment l'application de l'accord et examiner aussi l'avancement des négociations autour du démantèlement».

UN MARCHE DESARME SANS AFFLUX D'IDE

L'entrée en vigueur de l'accord d'association en septembre 2005 avait été critiquée par les entrepreneurs privés qui s'inquiétaient des effets de l'ouverture sur l'industrie locale. Des critiques peu entendues par les pouvoirs publics qui escomptaient surtout un afflux des IDE européens hors secteur hydrocarbures, qui ne s'est pas réalisé. Au début 2010, le ministre des Finances, Karim Djoudi, estimait que les démantèlements douaniers ont entraîné un manque à gagner de 2,2 milliards de dollars en 2009 alors que les investissements européens n'ont pas atteint le demi-milliard de dollars.

«Pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie en importe pour 20 dollars» avait estimé un cadre du ministère du Commerce. En mars dernier, une rencontre à l'assemblée populaire entre experts et opérateurs a fait un constat très négatif. Reda Hamiani, le président du FCE a souligné que l'Algérie «a perdu des parts de marché, des recettes douanières conséquentes sans voir les IDE, ni le transfert de technologie promis par les pays du vieux continent? Nous avons carrément désarmé notre marché et accentué la fragilité de nos entreprises», a-t-il regretté. Même la mise à niveau des entreprises n'a pas profité aux entreprises algériennes, selon M. Hamiani qui a affirmé que l'Europe a consacré 60 millions d'euros pour les entreprises algériennes contre 7,2 milliards d'euros pour le Portugal et 2,5 milliards pour la Tunisie. Mais l'idée, qui semblait établie, que l'accord d'association a entraîné un accroissement des importations algériennes de l'Union européenne est contestée par des cadres d'Algex.

ALGEX AU SECOURS DE L'ACCORD D'ASSOCIATION

Ainsi, selon Malika Lanad, sous-directrice à Algex (l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur), l'accord d'association n'a pas eu d'effet significatif sur les importations en provenance de l'UE ni sur les exportations à destination de l'UE». La mise en œuvre de l'accord d'association avec l'UE, a-t-elle poursuivi, n'est pas à l'origine de l'augmentation globale des importations de l'Algérie. Les importations algériennes en provenance de l'Union européenne sont ainsi en baisse, passant de 60% en 2001 à 50% en 2005, puis à 51,5% en 2010. Le DG d'Algex, M. Mohamed Bennini, abonde dans le même sens en relevant que les chiffres font ressortir «que la proportion des importations de l'Algérie de l'UE n'a pas changé depuis la mise en oeuvre de l'accord d'association en 2005».

Les importations algériennes de l'UE sont passées de 10,7 milliards de dollars en 2005 à 20,6 milliards de dollars en 2010.» Dans ce chiffre qui a augmenté, ce sont les besoins nationaux en relation avec le programme de relance économique, une évolution des cours mondiaux de l'ensemble des prix découlant notamment de la hausse des prix du pétrole et aussi le cours de l'euro qui est en nette augmentation ces 5 dernières années. Nous payons nos importations en euros, d'où cette hausse en terme de valeur», a-t-il expliqué.