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Depuis
que le mouvement des redresseurs du FLN est né, ses promoteurs se sont escrimés
à le présenter comme exprimant un refus et le rejet des méthodes de gestion
antidémocratiques auxquelles a recours Abdelaziz Belkhadem
en sa qualité de secrétaire général du parti. Un mobile que peu d'observateurs
ont estimé convaincant, venant de frondeurs dont le cursus d'apparatchiks ou de
caciques de l'ex-parti unique ne plaide nullement en faveur de la sincérité des
griefs qu'ils agitent contre Belkhadem.
Leur chef de file, Salah Goudjil, a rompu avec les faux-fuyants dans l'explication de ce qui fonde le mouvement des redresseurs du FLN en nous apprenant, pour la première fois en effet, que le mouvement a pour objectif d'empêcher Belkhadem d'être le candidat du FLN à l'élection présidentielle, au motif que « pour se faire élire, il est prêt à entamer des alliances avec des formations politiques avec lesquelles nous ne partageons pas les mêmes valeurs ». Et de nous faire savoir que la défiance qu'inspire pour cette raison le secrétaire général du FLN est partagée par plusieurs personnalités de l'Etat. Aveu qui situe franchement le mouvement des redresseurs et la raison qui anime ses promoteurs. De ce qu'en a dit le député de Sétif, il apparaît clairement que ce mouvement ne se limite pas à une fronde interne dans le FLN contre Belkhadem, mais qu'il s'insère dans la stratégie d'opposition d'un clan du pouvoir à la ligne politique d'un autre, dont Belkhadem n'est que le symbole apparent, qui vise à rendre possible une alliance du FLN avec des segments du courant islamiste à l'occasion de la prochaine élection présidentielle. Sachant que Belkhadem a pris le contrôle du FLN et le garde encore grâce à la protection dont il bénéficie de la part du chef de l'Etat, qui est aussi « président d'honneur » de ce parti, peut-il avoir songé à nouer cette sorte d'alliance dont ses détracteurs lui prêtent l'intention à l'insu de son protecteur et sans son feu vert ? Il faut avoir une méconnaissance crasse des arcanes du pouvoir algérien pour croire que Belkhadem, même gratifié du pompeux titre de « chef du FLN », puisse agir avec indépendance, mû par l'ambition qu'il a l'opportunité d'accéder à la magistrature suprême en 2014. Ceux qui tirent à boulets rouges contre lui, ce n'est pas lui qu'ils ont en fait dans le viseur, mais Bouteflika, qu'ils n'osent pas défier frontalement alors qu'ils ont la conviction, voire la certitude qu'il est l'inspirateur de cette politique qui cherche à faire du FLN le pôle de rassemblement d'un courant nationalo-islamiste plus large que celui ébauché par l'Alliance présidentielle actuelle. Cela, Salah Goudjil ne l'a pas évoqué dans son interview à El Watan Week-end, tout comme il n'a pas dévoilé les identités des personnalités de l'Etat qui partagent avec le mouvement des redresseurs l'objectif de faire barrage à l'éventuelle candidature de Belkhadem à l'élection présidentielle. Preuve s'il en est que le chef de file des redresseurs est loin d'être sûr de l'issue de la lutte engagée au sein du pouvoir dans la perspective de l'échéance de l'élection présidentielle de 2014. Les changements et bouleversements politiques que connaissent les pays du Maghreb et du monde arabe peuvent en tout cas jouer en défaveur du clan politique au nom duquel Goudjil et les animateurs du mouvement des redresseurs mènent campagne contre Belkhadem et le projet d'alliance auquel ils le soupçonnent de travailler. Ce dernier peut en effet apparaître comme la tactique ultime à laquelle se décideront les tenants du système et du pouvoir pour la sauvegarde et la pérennité du ceux-ci. |
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