Un matin de décembre, une journée qui commence. Une journée
ouvrable, où tout est fermé. Mais lui travaille. Il sort de son chez-lui. Il
franchit le seuil de son domicile en engageant sa jambe droite, car la gauche
porterait malheur. C'est ce qui se dit. Dir enniya». C'est ce
qu'il fait. Ses yeux sont agressés par un sac poubelle déposé sur la première
marche de l'escalier qu'il s'apprête à emprunter. C'est sûrement un enfant qui
a eu la flemme de le mettre là où il faut. Ça peut arriver. Il se tient à la rampe pour
accompagner la descente de son corps que ses jambes n'arrivent plus à porter. Il
sent un liquide sur sa main gauche. Khkh?. C'est un
crachat. Deuxième agression. Il retourne chez lui se laver «les outils giffleurs». Désinfecté. Il refait la même chose. La jambe
droite d'abord. La rampe jamais, quitte à se casser la gueule. Il arrive. Au
bas de l'immeuble. Un groupe matinal est là rassemblé. Ils attendent que cesse
la pluie pour pouvoir reprendre leur chemin. Agression. Il s'excuse, lançant un
«sbah el khir». Seul un
jeune homme se racle la gorge avant de lui cracher un «salam»
en plein tympan» et bouger pour lui laisser le passage. En retard, il hèle un
taxi, déjà plein qui le dépose à quelque cent mètres de son boulot. Agression. Tant
mâle que mâle, il prend son mal en patience, il n'en est pas à une agression
près. Sa journée de travail est malmenée par la «journée de présence au
travail» de certains. Mais celle-là c'est une autre forme d'agression dont il
est habitué. Fin de journée. Il rentre chez lui par ses propres moyens car le
chauffeur de l'entreprise a été faire sa prière à la mosquée. Allah yaqbel. Agression. Il rentre chez lui. La douche c'est pas possible. L'eau boude le robinet. C'est l'agression
historique. Il fait ses ablutions. Rattrape ses prières de la journée. Il
s'installe devant la télé. «pas de signal». Il dîne, el
eucha, puis el Icha. Aïcha bonne nuit je m'en vais dormir. Il tente de trouver
le sommeil? il accepte les pourparlers avec Morphée. C'est en fin de compte le
sommeil qui le trouve... quand une sirène-alarme
déchire l'air. Il est cinq «heurts» d'un autre matin qui commence par une autre
agression. La sirène-alarme réveille les coqs, qui se
mettent à chanter, les pattes dans la m? dans ce quartier résidentiel, une coquophonie : «wahran wahran rohti khsara?»