Bien que la prévalence de l'infection au VIH soit faible en Algérie, 0,1%
par rapport à nos voisins tunisiens et marocains, le risque de l'évolution
rapide de cette maladie n'est pas à écarter. C'est ce qu'a affirmé Boughzoub Salima, responsable du
centre de référence du sida, à l'institut Pasteur, hier, au forum d'El-Moudjahid. La conférencière a précisé que le nombre de
cas cumulés, de 1995 au 30 septembre 2011, dépasse les 6.000 (1.234 atteints du
sida et 5.300 cas séropositifs). On évoque bien évidement les cas déclarés, a-t-elle
tenu à préciser. Elle poursuit en soulignant que les laboratoires d'analyses et
les centres de dépistage recensent 50 nouveaux cas de sidéens et 200 nouveaux
cas séropositifs chaque année. Mais certains
laboratoires ne déclarent pas des cas qu'ils ont dépistés d'où l'impossibilité
de définir le chiffre réel des personnes souffrant de cette maladie, explique
mercredi l'Institut Pasteur d'Algérie. Elle a affirmé que des laboratoires
occultaient «volontairement» certains cas de sida dépistés à leur niveau au
cours d'analyses de routine et qu'ils n'adressaient pas des rapports à ce sujet
au seul institut de référence habilité à les confirmer, l'institut Pasteur en
l'occurrence. Les chiffres avancés chaque année ne reflètent donc pas la
réalité, a-t-elle soutenu, soulignant qu'à cet état de fait s'ajoutait la
nature de la maladie qui reste un tabou dans notre société.
Selon la conférencière, les femmes sont les plus touchées par cette
infection, au cours de ces dernières années dans notre pays. L'infection touche
également les jeunes de 25 à 29 ans suivis par l'adulte jeune, entre 30 et 39
ans. Pour la virologue, la majorité des infections est
due aux rapports sexuels non protégés et à la consommation de drogues
injectables. L'infection, précise la conférencière, qui était importée
autrefois, est aujourd'hui endogène et touche toutes les villes du pays sans
exception, avec des taux un peu élevés au centre et à l'ouest du pays où on
enregistre la concentration des centres de dépistage et de prise en charge des
patients atteints. Et ce qui est désastreux est que la transmission de
l'infection mère-enfant augmente d'une année à un
autre. En 2009, neuf bébés ont été touchés et en 2010, 16 nourrissons ont été
atteints d'infection. Enfin, malgré les efforts consentis par l'Etat pour la
prise en charge des personnes atteintes de l'infection, comme la mise en place
de centres de dépistage et de prise en charge des sidéens, des malades
souffrent encore de la prise en charge médicamenteuse et psychologique de cette
maladie. Mme Boughzoub a confirmé que les malades
atteints du sida ou séropositifs souffrent, au même titre que les malades
atteints de maladie lourde, des ruptures fréquentes des médicaments et des
réactifs nécessaires au traitement. La virologue
insiste beaucoup plus sur le dépistage en appelant les citoyens algériens à se
diriger vers les centres de dépistage. Elle a insisté également, sur la
nécessité de sensibiliser à travers les structures éducatives, celles de la
santé et à travers les mosquées. «Il faut sensibiliser les citoyens sur l'utilisation
des préservatifs, lutter contre la consommation de drogues injectables et
veiller sur l'hygiène dans le milieu hospitalier», conseille la virologue.