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En Egypte, c'est la fin d'une époque, le début d'une autre. Les premières
élections libres en Egypte ont commencé, hier, avec en toile de fond un climat
politique tendu.
Ces élections législatives de l'ère post-Moubarak ont, contre toute attente, fortement mobilisé les électeurs, alors que des médias égyptiens font état de leur boycott par des militants anti-régime qui campent toujours à la Place Tahrir, maintenant la revendication du départ des militaires du pouvoir. Selon le chef de la Haute commission électorale, le juge Abdel Moez Ibrahim, une grande affluence est observée au niveau des bureaux de vote à travers le gouvernorat du Caire. «Nous avons été surpris par le nombre d'électeurs qui ont participé, qui est plus important que prévu», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au Caire. Il a ajouté que les opérations de vote se déroulaient sans problème de sécurité: «il n'y a pas eu de problème de sécurité jusqu'à présent». Ces élections interviennent dans un contexte politique qui s'est brusquement tendu avec des manifestations pour le départ des militaires et l'affectation du pouvoir aux civils. Une seconde crise politique qui a fait tomber le gouvernement intérimaire, alors que le chef de l'armée, le général Hussein Tantatoui avait accédé à moitié aux revendications de la rue en annonçant des présidentielles avant fin 2012. Hier, de longues files se sont formées dès les premières heures du matin pour voter notamment au Caire et à Alexandrie, deuxième ville du pays, pour le premier tour de ce scrutin législatif étalé sur plusieurs semaines. Le vote d'hier concerne un tiers des gouvernorats en Egypte (17,5 millions sur quelque 40 millions d'électeurs), notamment Le Caire, Alexandrie et Louxor en Haute-Egypte. Chaque tour de scrutin se déroulant sur deux jours, les bureaux seront encore ouverts mardi pour élire 168 des 498 députés de la nation. En fait, le système électoral égyptien, assez complexe, prévoit un découpage en trois régions du pays, qui compte 80 millions d'habitants. Le vote pour l'Assemblée du peuple se déroulera jusqu'au 11 janvier et les résultats complets seront connus deux jours plus tard. Ensuite, ce sera l'élection de la Choura, la chambre haute consultative, du 29 janvier au 11 mars. Cela prendra ainsi près de quatre mois pour l'installation des institutions élues, qui devront désigner un nouveau gouvernement, et organiser des élections présidentielles avant la fin de l'année, et le départ des militaires du pouvoir. LES FRERES MUSULMANS EN FORCE Pour autant, l'enjeu de ces élections sera sans nul doute le taux de participation et l'identité du vainqueur, puisque les Frères musulmans, recyclés en parti, partent largement favoris de cette longue consultation. Et, paradoxalement, il n'y a pas eu vraiment de campagne électorale, du fait de violentes manifestations qui ont fait au moins 42 morts et 300 blessés, la plupart à la Place Tahrir. Selon des journaux égyptiens, le mouvement des Frères musulmans et leur parti, «Liberté et Justice», sont en position de force face à des dizaines de partis salafistes, de libéraux ou de gauche, le plus souvent récents et encore mal implantés. L'extrême morcellement de ces partis en fait leur grande faiblesse face à la force politique des Frères musulmans, pratiquement assurés de remporter ces élections. Près des bureaux de vote où aucun incident notable n'a été signalé, l'armée et la police assuraient une protection discrète, tandis que dans certains quartiers, des «comités populaires» ont été formés pour prévenir les violences. Par ailleurs, l'agence Mena a indiqué que 161 plaintes ont été déposées en raison du retard dans l'ouverture des bureaux ou l'arrivée des bulletins de vote. Des électeurs se sont plaints de bulletins ne portant pas de tampon valable, et des observateurs n'ont pas été autorisés dans certains bureaux, selon Mena. Le futur Parlement issu de ces élections devra nommer une commission chargée de rédiger une nouvelle constitution, pour parachever le processus démocratique en Egypte, une année environ après la chute du clan Moubarak. En face, il y a bien sûr les opposants à ces élections, et qui refusent d'aller voter «tant que les militaires sont au pouvoir». A la Place Tahrir, des centaines de manifestants commençaient à affluer en début d'après-midi hier, grossissant les rangs de ceux qui campent sur les lieux depuis plusieurs jours. Plusieurs jeunes restent ainsi fermement convaincus que seul le départ des militaires du pouvoir garantirait une vraie démocratie en Egypte. |
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