|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Des élections présidentielles anticipées au Yémen pourraient-elles
ramener la paix dans un pays qui s'enfonce doucement dans une crise politique
et confessionnelle aux multiples inconnues ? Les électeurs yéménites ont été
convoqués pour une présidentielle anticipée le 21 février 2012, en application
d'un accord prévoyant le départ du président Ali Abdallah Saleh, annonce un
décret officiel publié samedi. Le décret est signé du vice-président Abd Rabbo Mansour
Hadi, auquel M. Saleh a transmis le pouvoir mercredi,
lors de l'accord signé à Ryad, sous les auspices des
monarchies du Golfe.
Les élections présidentielles étaient initialement prévues en 2013. La date du 21 février 2012 coïncide avec la fin de la période de transition de 90 jours qui a commencé à la signature à Ryad, le 23 novembre par M. Saleh du plan élaboré par les monarchies arabes du Golfe, après plus de 10 mois d'un mouvement de contestation populaire qui a fait plusieurs centaines de victimes. Aux termes de l'accord, M. Saleh a remis le pouvoir pour une période intérimaire à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi en échange de l'immunité pour lui-même et pour ses proches, dont le fils aîné, qui contrôlent les principaux organes de la sécurité au Yémen. Un gouvernement d'union nationale avec l'opposition devra être formé par M. Hadi, qui sera chargé de superviser un dialogue national et d'élaborer une nouvelle Constitution. L'opposition, qui veut juger le président Saleh, avait annoncé samedi avoir choisi le chef de sa coalition, Mohammed Basindawa, comme candidat au poste de Premier ministre pour la période intérimaire. Conformément à l'accord, M. Hadi sera le seul candidat à la présidentielle anticipée et son mandat intérimaire sera de deux ans. Des élections législatives et présidentielle seront ensuite organisées. En outre, l'accord de passation du pouvoir a été accepté par les forces armées dissidentes dirigées par le général Ali Mohsen al-Ahmar, mais il reste contesté par les jeunes de l'opposition qui campent depuis neuf mois à Sanaa et qui refusent l'immunité accordée à M. Saleh, exigeant qu'il soit jugé pour le «sang versé par les martyrs». COMBATS DANS LE NORD Des organisations de défense des droits de l'Homme comme Amnesty International, contestent également cette immunité, estimant que M. Saleh est responsable des violences qui ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés depuis janvier. Vendredi, des dizaines de milliers de Yéménites avaient manifesté à Sanâa pour rejeter l'immunité accordée au président Ali Abdallah Saleh en contrepartie de son engagement à quitter le pouvoir. «Le sang des martyrs qui vous a forcé à quitter le pouvoir vous jettera en prison et ne sera pas versé en vain», a déclaré dans son sermon l'iman de la prière du vendredi Fouad al-Hanjari devant la foule des manifestants. «La place (Sittine - nord de Sanâa) restera notre demeure jusqu'à la réalisation de nos objectifs : la chute de tout ce qui reste du régime et l'émergence d'un nouveau Yémen», a-t-il insisté lors de cette prière pendant laquelle se sont tenues les funérailles de quatre des cinq morts de jeudi, tués selon les manifestants, par les partisans de M. Saleh. Le président yéménite est actuellement en Arabie Saoudite. Pour autant, la situation à l'intérieur du pays reste précaire, et des combats entre chiites et sunnites menacent de bouleverser complètement la donne politique dans un pays où le tribalisme est très enraciné. Des combattants de la rébellion chiite du nord du Yémen, les Houthis ont attaqué samedi une école de sunnites près de Saâda, faisant 20 morts et 70 blessés, a annoncé dimanche une source tribale. L'attaque a visé «Dar al-Hadith», un institut formant des imams sunnites, fondé dans les années 1980 à Dammaj, à une dizaine de kilomètres au sud de Saâda, le fief des rebelles chiites. Le porte-parole des Houthis, Mohamed Abdessalam, a confirmé que des accrochages avaient opposé samedi des combattants de son groupe à «des salafistes, qui ont transformé Dar al-Hadith en un camp militaire», après l'échec d'une médiation tribale. Il a précisé que son groupe avait «perdu moins de 10 hommes dans les combats», mais que la situation était calme dimanche. Les combats ?'confessionnels'' au nord du Yemen risquent de bouleverser la situation politique dans ce pays, proche de l'Arabie Saoudite, elle-même en prise avec ses propres chiites. D'où cet empressement de Ryad de ramener le calme au Yémen, qui pourrait devenir, selon des observateurs une autre poudrière dans la région, dont les conséquences géopolitiques iraient au delà d'une transition violente du pouvoir. |
|